L'avis de 666Raziel

J'ai toujours été dérangé par Pinocchio.
Est-ce à cause du long métrage de Walt Disney qui m'a marqué quand j'étais petit ? Ou bien des thèmes forts de ce conte qui sont d'autant plus marquants qu'ils concernent un jeune enfant ?
Quoiqu'il en soit Pinocchio c'est un peu le père fouettard des contes. Celui qui vous dit que si vous n'êtes pas obéissant, si vous mentez, si vous n'écoutez pas vos supérieurs ou votre bonne conscience, vous finirez dans les mines de sel.

Par conséquent en lisant cette BD étant adulte, je m'attendais à exorciser quelque peu mes frissons d'enfant. Que nenni !
Mais force est d'admettre que c'est tout à l'honneur de l'auteur d'avoir su moderniser et personnaliser à ce point cette histoire presque bicentenaire.

A contexte moderne le "conte" englobe également des thèmes modernes : la pollution, la sexualité (et la solitude), le besoin de travail et la soif de pouvoir. Tous ces aspects sont parfaitement intégrés au récit originel en ce qu'ils concernent directement les principaux protagonistes ou grâce à de sympathiques procédés : mise en abyme des déboires de Jiminy, flash-backs.
Outre le modernisme, Winshluss a pris un second parti : celui du trash. Trash dans les images, dans les situations et même dans les conclusions. Si dans les contes le méchant est souvent puni, chez Winshluss il n'est pas seul. L'innocent ou même le pénitent n'échappent finalement pas à ce qui semble être une fatalité destructrice et chaotique. Exacerbé par le fait que la BD est au 3/4 muette, vous vous sentez vraiment pris au piège dans un monde de psychotiques.

Soyons honnête, cette BD mérite plus qu'un 5/10.
Toutefois, pour moi qui pensait m'exorciser du pantin de bois, je crois que je suis parti pour le redouter encore quelques temps...