Polina
7.5
Polina

Roman graphique de Bastien Vivès (2011)

"Danser est un art", faire une BD aussi

Polina, c'est ma première expérience avec le travail de Bastien Vivès. Dès le départ, j'ai été marqué par le dessin, très atypique il faut bien l'avouer. Je le trouvais presque dérangeant au premier abord, me disant que l'auteur avait un trait assez brouillon. Pourtant, le but reste de proposer quelque chose d'épuré. Mais même sans jouer dans le sophistiqué, tout se comprend et tout se ressent pour le lecteur, alors pourquoi s’embarrasser dans le superflu ? De plus, Bastien Vivès parvient à retranscrire toute la grâce des personnages (surtout pour les femmes), de leur corps et de leurs mouvements. Alors, comme la BD se centre autour du domaine de la danse, c'est juste parfait.
Même si le thème principal reste l'art de la danse, il ne faut en être rebuté tout de suite ! Car plus qu'une discipline, l'auteur présente un univers et un parcours de vie. Cette BD va bien plus loin que les idées reçues qu'on peut avoir. Dans Polina, la danse c'est strict, la danse c'est une ouverture, la danse c'est des choix à faire, la danse c'est des rencontres. Bref, tout ça pour dire qu'il est surtout question d'une expérience de vie. C'est bien simple, on passe par tout les stades : la découverte d'autrui et d'autres cultures, la découverte des sentiments, les échecs, les remises en question, les joies des petites choses de la vie. Polina reste une personne comme vous et moi, qui doit prendre des décisions, qui hésite, qui s'attache et se détache de certaines personnes. D'abord vue comme une petite fille qui n'arrive pas à répondre à toutes les exigences de l'académie et qui s'exprime peu, Polina finit vite par grandir. Ainsi, on finit par la découvrir en train de tenter de nouvelles expériences, de tisser des liens avec de nouvelles personnes et elle prend même le risque à un moment donné de reprendre tout à zéro, sans se préoccuper des autres.
Autour de Polina gravite de nombreux personnages, qui ont tous une certaine prestance, et qui se caractérise très vite par leurs visions des choses, leurs idéaux. Au final, on a droit à un panel assez riche et diversifié.
En définitif, Bastien Vivès ne fait pas dans l'extravagance. Toute sa poétique réside bel et bien dans sa sobriété et son naturel. Si Polina reste un personnage touchant, c'est parce qu'elle se présente comme une fille authentique, qui fait face à des hauts et des bas, et il est facile de se retrouver en elle, même si nous ne suivons pas le même parcours.

Golden-Breeze
8
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le 3 juin 2017

Critique lue 242 fois

2 j'aime

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