J'étais resté sur une profonde déception avec le Combat Ordinaire, condensé assez mièvre de clichés en tout genre sur la vie et la sur litanie des épreuves qu'elle nous réserve et des responsabilités face auxquelles elle nous met... Et puis j'étais très perplexe sur le trait : ça peut être simple et terriblement efficace, mais là, non, je n'ai strictement rien ressenti.
On m'a dit que j'avais loupé un truc, etc. mais aussi et surtout "Lis Blast", avec un hochement de tête de haut en bas, lent et solennel, de ceux qui veulent dire qu'on parle d'un truc de ouf, mais vraiment.
Alors, prudent, j'ai pris le premier tome à la médiathèque. "Coup de coeur du bibliothécaire" trône sur l'album. Soit. Je m'y mets. Et là, ok, je prends une bonne claque : les personnages sont brossés efficacement (sauf les flics... au secours les répliques à deux balles...), le trait noir et blanc souligne avec dextérité un scénario à la fois lent, sordide et terriblement prenant... Au point de se demander si on n'est pas pris en flag d'une forme de curiosité malsaine et un peu perverse tant certains détails relèvent du scabreux... J'ai d'ailleurs ressenti la même gêne que celle qu'avait générée la lecture des Contes de la Folie Ordinaire de Bukowski. Bref, j'ai vraiment adoré rentrer dans ce récit original et fort.
Mais alors plus on avance, plus on s'égare... Déjà on perd le sujet du "Blast" (dont on aurait pu penser légitimement qu'il devait rester assez central...) qui devient vite une sorte de Graal émotionnel inatteignable (au point de se demander si l'auteur ne s'est pas demandé un peu trop vite ce qu'il pourrait en faire...). Puis on sombre dans une violence véritablement obscène qui n'apporte pas grand chose au récit et vient mettre à mal le plaisir (qui passe d'"un peu coupable" à "franchement embarrassant" à "bah merde, y a plus trop de plaisir en fait là") d'explorer la complexité du personnage et de sa quête. L'ultime tome vient éclairer le point de départ de l'histoire, et c'est louable. Mais j'aurais espéré une fin beaucoup plus puissante émotionnellement... Il eût été sublime que Larcenet nous le fasse vivre, ce fameux Blast dont il nous parle depuis près de 800 pages avec un talent indéniable... Au lieu de quoi, on reste là, avec un personnage qui n'avait visiblement pas conscience de ce qu'il racontait le plus clair du temps durant sa garde à vue, des révélations qui n'ont même pas l'effet de nous retourner, ou même, plus simplement, de nous étonner un petit peu...
Bref, très très bel engouement, et plutôt grosse déception... L'impression d'être rentré dans une histoire poétique et scabreuse à la fois et de se rendre compte qu'on aurait presque pu se passer du scabreux tant il ne donne pas de crédit au dénouement qui nous est proposé. Ou alors, le plaisir de revenir à cet état de nature ? Le Blast serait ce moment,


comme le hibou à la fin, où l'on prend une vie ?


Mouais mouais mouais... Bon, je le relierai et ne manquerai pas de modifier ma critique s'il me semble alors avoir compris autre chose, mais pour le moment, 6 me paraît en adéquation avec mon sentiment : conquis par la puissance graphique des albums, très déçu par la réalisation du scénario...

Erroll
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le 8 juil. 2017

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