La BD la plus touchante que j'ai pu lire. Tout dans cette oeuvre respire la simplicité, la pureté, bref la vie dans ce qu'elle a d'authentique, et de profond. On est dans la tradition des œuvres asiatiques qui respirent la sérénité, le calme, des philosophes du Tao jusqu'aux romans de Kawabata, en passant par les films du studio Ghibli.
Le cœur du héros est tiraillé par des sentiments existentiels, les moments du purs bonheurs font place à la tristesse, l'angoisse succède à la quiétude; et pourtant, tout est empreint d'une profonde mélancolie face au calme tourbillon du temps où tout semble entremêler et s’imprégner sans cesse. Ce qui est encore une fois typique de la philosophie orientale, contrairement à la philosophie occidentale où l'absence d'humilité fait croire aux hommes qu'ils sont maîtres de leur destin.
La question de la filiation paternelle est centrale, le père hante sans cesse le héros, il est à la fois un avenir passé et un vestige du futur. Il y a alors comme un échos dans le temps où les situations que rencontre Hiroshi renvoient à celles de son père ( la petite amie d'Hiroshi ressemble étrangement à la femme dont Yoshio s'occupe à l’Hôpital, ils possèdent d'ailleurs le même passé). Et si Hiroshi est hanté par la disparition de son père, c'est au fond parce qu'il craint lui même de suivre son chemin.
Si je pouvais ajouter un seul bémol, ce serait la fin. J'aurai voulu une fin plus simple, plus en adéquation avec le reste de l'histoire. Ici, on a une fin un peu "spectaculaire", à rebondissement, qui, bien qu'elle fasse sens, reste quand même un peu superficielle et donc, pas franchement utile.
Un très beau moment de lecture.