La Faim justifie les Moyens
Raoul le Teigneux est le titre d'une bande dessiné issu de la collaboration entre Vuillemin et Jackie Berroyer. L'univers sale des banlieues dortoirs des années 80 est le défouloir de Raoul, personnage qui cumule tous les maux de la société.
Dès la première case, Vuillemin décrit avec son style expressioniste une ambiance étouffante et malsaine digne d'un film d'Ettore Scola. Les personnages sont bruyants et sales, ils sont tous mus par leurs propres désirs et cherchent à les satisfaire.
Raoul, est le seul en quête d'un absolu. Son absolu, c'est la destruction... A travers la bande dessiné, il est sans concession pour arrivée à ses fins et ne se délasse que du malheur des autres. Il méprise sa mère, la ruine, la laisse mourir. Cependant le côté excessif prend le pas sur la dimension psychologique du personnage jusqu'au moment où il découvre la mort de sa mère. Inconscient de sa responsabilité, il en veut à la société.
Six ans avant les émeutes de Vaulx en Velin, Berroyer et Vuillemin présentent une société oscillant entre une tradition dépassée et un individualisme sans limite où tous les personnages sont isolés avec leurs propres incohérences. A l'image du père de Myriam, chômeur qui possède un révolver et menace de tirer lorsqu'il est dérangé lors de son plaisir chauvin, match de football, alors qu'il se réclame communiste. Les relations sociales sont délétères, les parents ne sont pas respectés, le parti socialiste (ancien porteur d'espoir) est conspué. Finalement le personnage de Raoul est le seul lien entre les différents personnages grâce à la haine qu'il attise sur sa personne. Il est celui qui cautérise les blessures de la famille de Myriam par ses méfaits...
Une excellente bande-dessiné, crue et vulgaire. Sans concession. Rock'n Roll !
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