Après deux tomes, le récit trouve son rythme, souvent haletant, en laissant l’espoir d’une prochaine accalmie. Un moment moins chargé de danger pour se concentrer plus encore sur les personnages. Après l’angoisse, le lecteur, qui s’identifie, veut souffler pour savoir finalement à qui il s’identifie depuis que Rick l’a embarqué dans l’horreur.
D’emblée le récit nous laisse
un semblant de respiration,
se concentrant sur l’installation dans la prison. Les auteurs passent rapidement sur les aspects pratiques pour être dans l’action et laisser la narration s’axer autour des personnages, et continuer l’étude de caractère. Les zombies enfermés dehors, le décor immensément inexploré de la prison offre de quoi se perdre. Les personnages se révèlent. Les promesses mystérieuses d’une case de l’épisode précédent trouvent leur macabre conclusion lors de la mort de la fille de Tyreese. Et leurs conséquences résonnent à travers l’épisode. Ce n’est que le début. Rick commence de taire ce qui le travaille, et abandonne les siens pour un (rapide) voyage vers sa conscience. Puis le meurtre sordide des jeunes jumelles d’Herschel amène un suspense inattendu. Bien à l’abri des rôdeurs et de leurs morsures, ils comprennent qu’un des leurs est un dangereux sadique dont il faut se méfier plus encore, et qu’ils sont enfermés avec lui. Les soupçons se portent évidemment sur la mauvaise personne, et là encore, a de multiples conséquences.
Rick, sa légitimité de policier évidente à ses yeux, se proclame alors main de la loi. A son tour, il prononce et exécute la sentence :
Tu tues, tu meurs. C’est aussi simple que ça.
Le scénario de ce tome, qui se concentre sur l’homme, révèle beaucoup de ce jusqu’où ils sont prêts à aller,
de ce qu’ils sont prêts à perdre d’humanité pour garder vivant un semblant d’espoir,
aussi infime soit-il, et de ce à quoi ils s’exposent s’ils ne suivent pas certains principes. Survivre, dans cet univers où le danger rôde aussi bien par les chemins que dans les cellules voisines, demande une rigueur implacable. Une attention de chaque instant, et une confiance en l’autre qu’ils n’ont pas encore.
Le cliffhanger de la dernière page, clôt l’épisode sur une menace : Dexter tient Rick en joue, le fusil sur la tempe, et lui intime d’emmener son groupe hors de la prison. Sains et saufs ?
Les uns sur les autres, on ne se méfie jamais assez.