"J'aurais pu être Dieu à ta place..."

Critique après lecture d'une traite de Secret Wars, grande conclusion à l'ère Marvel Now et point final au travail d'Hickman sur les vengeurs et les FF. Attention SPOILERS (beaucoup de SPOILERS).


Je commence d'entrée par le dessin. Si cet event rentrera dans l'histoire, c'est avant tout grâce au travail magnifique d'Esad Ribic dont je me promets de graver le nom dans ma mémoire. De la première à la dernière page, sur les neuf numéros, il éblouit par sa maîtrise. Ses jeux d'ombres sur les visages subliment les dialogues, sa prestance sur les combats dantesques permet une immersion totale. Malgré le nombre imposant de personnages, aucun n'est lésé graphiquement et bon nombre marquent. Il dessine à merveille son galactus (j'ai un doute, était-ce Ribic derrière le Galactus d'Aaron dans la série God of Thunder?), son Thanos, son Sinister qui m'a donné du rêve. Et je ne parle même pas des héros principaux avec un Fatalis grandiose, une Sue radieuse et un T'challa qui déchire. La série avait pris beaucoup de retard aux Etats-Unis mais le lecteur qui s'en plaint mériterait de se crever les yeux pour refuser d'admirer une telle beauté. Par contre, au niveau du découpage, ça reste très convenu (boire ou conduire il faut choisir).


Que dire du scénario maintenant? Premièrement, Hickman achève dans un final explosif le multivers. Dès le premier épisode, le rythme se montre fou tout en posant des éléments primordiaux pour l'intrigue, notamment la disparition de la famille Richards vitale pour la suite. L'explication qu'il donnera après coup à cette fin de l'univers me convient et la bataille décisive face aux Beyonders en flash-back se veut épique. Hickman nous lance ensuite dans Battleworld, une planète fascinante pour tout lecteur Marvel (avec certaines mini-séries annexes qui valent le détour pour enrichir, même si la série mère suffit à bâtir un monde crédible et vivant). Oui Hickman a ce talent, rien qu'avec le second épisode on adore la société présentée, avec l'idée du bouclier qui sonne très George RR Martin, cette brigade de Thor atypique, la séparation en régions hermétiques dominées par des barons rois en leurs domaines, et une religion, une vénération du sauveur, de dieu Fatalis. Encore une fois, le flash-back (épisode 6) qui montre la période sombre avant l'établissement de l'ordre par Dieu donne une histoire concrète à ce monde, une identité propre intéressante. Grosse réussite sur ce point.


L'autre atout majeure que je trouve à Secret Wars ce sont ses personnages, tous développés ou utiles à leur manière. Comme je le disais, Sinister du Battleworld a la classe et on apprend à le connaître et l'apprécier (pas non plus aimer, ce mec est un sadique sans tête, littéralement) malgré en définitif sa faible importance. On suivra chacun des membres rescapés de l'incursion finale, et ils trouveront tous leur moment de gloire. Les Spider-Men profiteront du creux plus calme en milieu d'event pour s'illustrer, Captain Marvel formera un duo dynamique avec Sinister, Thor déchaînera les passions dans la garde d'élite du Battleworld... A la limite, je regrette la scène de mort de Maximus, l'une des rares qui tombent à l'eau, quoique en accord avec sa folie. Dans les autres morts, celles de Scott et Thanos sont parfaitement mise en scène, mais la première se fait immédiatement éclipser par l'assassinat choc de fin d'épisode, quant à Thanos il se passe tant de choses dans cette bataille finale qu'il paraît difficile de s'attarder (Namor meurt uniquement en arrière plan par exemple). Et sinon, sans surprise au vue du pitch, le grand gagnant de Secret Wars se révèle être Doom lui-même. Entouré de la famille qu'il a toujours envié à son rivale, il s'enrichit de relations multiples et subit les doutes d'un dieu. Un personnage central passionnant, froid et antipathique, omnipotent mais mutilé, vainqueur mais envieux de son rival à terre. Alliant charisme et profondeur, Fatalis brille...


Si on exclut le premier épisode un peu à part, l'event se divise en trois temps forts. Épisodes 2 à 4: présentation du monde, des enjeux, et les premières actions majeurs. Partie la plus réussie de l'event, avec des dialogues très justes et beaux où l'osmose entre Hickman et Ribic m'a totalement conquis. Strange/Fatalis et Sue/Fatalis sont deux références, d'autant qu'ils permettent d’entrevoir la conclusion de la saga. Épisodes 5 et 6 qui calment le rythme, avec une ellipse (malheureusement?) nécessaire. Épisodes 7 à 9 qui mettent en oeuvre la bataille finale. En relisant en un bloc, cette dernière partie est bien construite et j'apprécie les mouvements d'échiquiers de cet ultime acte. Enfin, la confrontation entre Fatalis et Reed amène une conclusion à la hauteur, qui finit d'exploiter à fond le psychisme de Victor, celui-ci cachant derrière son masque de bonnes intentions, des défauts correctement illustrés et expliqués tout au long de la série.


Entre un homme qui pleure et un dieu qui doute, quelle autre issue pouvait-il y avoir?

WeaponX
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le 12 mai 2016

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