Shangri-La
7.4
Shangri-La

BD franco-belge de Mathieu Bablet (2016)

Evacuons directement le sujet des dessins. C'est très beau. A l'image de la couverture.


Pour ce qui est du scénario, à mon sens, ca se complique. A part le prologue un peu énigmatique qui est assez beau et qui, quand il prend sens plus loin dans le récit, gagne en valeur et en sensibilité, le reste de l'histoire est très décevant. On comprend assez vite que l'on se retrouve face à une dénonciation du consumérisme forcené et devant un modèle de société qui, s'il n'est pas déjà en place, nous pends au nez. Le propos est assez clair, voir trop. Tout est bien souligné et en gras puis surligné pour être bien sûr que le lecteur comprenne bien de quoi il retourne. Tout y passe, les affiches de propagande "Acheter, utiliser, jeter, acheter", les pub pour du matériel électronique avec des femmes nues. Et ajouté à ca des dialogues qui posent frontalement la question de "Voulons-nous vivre dans une société où les dirigeant nous obligent à consommer ? Nous sommes des moutons. Ouvrons les yeux mes amis" (Là j'ai eu envie de les fermer. Mes yeux. Et la BD aussi. Et je m'en suis voulu d'avoir consommé un produit, aussi culturel soit-il).
En plus de cette analyse de surface de la société de consommation, les dialogues sont bien plats et les personnages à l'avenant. On ne comprend pas très bien ce qui fait la personnalité de chacun et pourquoi ils agissent comme ils le font. On a par exemple, 2 frères qui manifestement ne s'aiment pas vraiment. Pourquoi ? Qu'est-ce qui dans leur vie de famille les a séparé ? On ne le saura pas. Tout le monde est parachuté à l'instant T. On ne sait pas où ils étaient à l'instant T-1 et du coup on se tape un peu de savoir où ils seront à l'instant T+1. On ne demande pas aux auteurs de nous rendre amoureux des personnages qu'ils créent mais au moins de susciter l'empathie ou l'antipathie. Là rien. La faute certainement à un scénario assez flou où on ne comprends pas bien certains enjeux personnels et où, par exemple, on découvre l'existence d'un contre-pouvoir au milieu du récit. sauf que manque de chance il porte le même nom quasiment que le pouvoir en place. Du coup on est un peu perdu.


En résumé on a un récit à la fois un peu simpliste dans le fond et nébuleux dans la forme. Mais c'est joli (quoiqu'un peu figé). Mon conseil: Lisez les 20 premières pages puis reposez le.

cookiemztr
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le 7 févr. 2017

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cookiemztr

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