Shojo Relook
3.7
Shojo Relook

Manga de Ichinose Aya (2014)

Jusqu’à récemment, le catalogue manga de la maison principale de Delcourt avait la particularité d’avoir été conçu par Akata, un prestataire de service aujourd’hui éditeur indépendant. Bien sûr, la décision finale de publier tel ou tel titre appartenait à Guy Delcourt, mais toujours est-il que l’équipe d’Akata apporta à ce catalogue une identité unique, reconnaissable, qui en tant que lecteur me parlait. Si je le précise, c’est que Shojo Relook fût une des dernières séries achetées par Akata pour le compte de Delcourt, et que cela se ressent fortement. Même si tous leurs choix ne m’ont pas comblé, dans le cas présent, il s’agit d’un compliment.


De temps en temps, je me laisse tenter par une comédie romantique apparemment sans prétention, et généralement plutôt orientée humour. Cette fois, c’est tombé sur Shojo Relook, série courte – seulement 4 tomes au synopsis bien surréaliste comme il faut, avec apparemment une bonne dose de comédie et de caricature de shôjo des années 70. Du moins dans le premier tome, car ce manga possède cette particularité de changer de direction à la fin de celui-ci, pour s’appesantir plus longuement sur le monde du show business, évolution somme toute logique mais qui éloigne forcément l’histoire du cadre lycéen des débuts.


Kako adore Kosei, et ne supporte pas qu’il soit dévalorisé par les autres ; elle fera donc tout pour le mettre en valeur, y compris si cela signifie qu’il doit s’éloigner d’elle : tant qu’elle pense qu’elle fait ça pour son bien, cela lui convient. Kosei, de son côté, joue le jeu à la fois pour faire plaisir à Kako, et puis parce que ça l’amuse un peu quand même ; surtout, il espère déclencher chez celle-ci une réaction de jalousie s’il s’approche trop près des autres filles. En effet, Kosei est amoureux de son ami d’enfance, et si cela semble partagé, Kako est un peu longue à la comprenette… Il faut dire qu’elle n’a rien à envier à l’héroïne d’Otaku Girls : une connaissance de l’amour limitée aux manga – c’est même pire dans son cas, puisque sa connaissance se limite à un shôjo fleuve des années 70 (série complète en 98 volumes) – et l’impression que les garçons ne la concernent pas. Aucune surprise de leur côté, c’est juste que Kako est complètement bouchée ; et Kosei entretient savamment son style d’otaku, afin de s’assurer qu’aucun garçon ne lui court après.


Les deux personnages principaux sont excellents. D’un côté Kako et ses délires – délires que Kosei a appris à intégrer, même si de temps en temps cela le surprend encore – de l’autre Kosei et sa personnalité débonnaire voire un peu frustre, mais qui peut laisser place à tout instant à ses talents d’acteur et de dragueur. Son incarnation de l’hôte psychopathe est particulièrement saisissante. Les autres protagonistes sont plus discrets, voire inexistants ; nous retiendrons surtout le directeur d’un magazine de mode, un élève qui essaya de voler à Kosei son rôle de poseur en chef, et quelques rivaux dans le nouvel environnement de nos héros, dont un qui semble intéressé par Kako. Les rivaux ont pour la plupart des personnalités farfelues, mais c’est surtout la complémentarité du couple vedette qui donne du relief à l’ensemble.


Si le milieu dans lequel se déroule l’histoire parait original et inattendu, de même que le comportement de notre couple vedette – d’un côté un Kosei à la limite de la schizophrénie et sur-protecteur, de l’autre une Kako complètement bouchée et exubérante lorsqu’elle part dans ses délire – la romance n’en demeure pas moins fort prévisible. Pour autant, Shojo Relook ne tourne pas en rond, et pour cause : il ne dure que 4 tomes. Une longueur parfaite pour voir évoluer nos personnages, sans que l’auteur n’ait besoin de retarder l’inévitable troisième acte de toute comédie romantique, par exemple en intégrant des hordes de nouveaux protagonistes interchangeables.


A l’instar des meilleurs shôjo sélectionnés par Akata pour composer le catalogue Delcourt, il s’agit d’une comédie rafraichissante, un peu fleur bleue, avec des héros attachants, et surtout très agréable à lire. Ce n’est pas non plus la série du siècle, les habitués du genre ne verront rien là de bien surprenant, mais elle dispose d’un un atout supplémentaire : avec seulement 4 tomes, elle ne représente pas un investissement insurmontable.


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le 13 avr. 2015

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Ninesisters

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