À lire avec des extraits sur: http://branchesculture.com/2017/01/03/bd-animaux-de-cape-et-de-crocs-ayroles-masbou-le-regne-runberg-boiscommun/


Il ne faut jamais dire La Fontaine, je ne boirai plus de tes mots. La preuve. Trois mots et Alain Ayroles et Jean-Luc Masbou font le reste. Et s'ils avaient juré un peu tôt qu'on ne les y reprendrait plus, "Si ce n'est toi" vient mettre un point on ne peut plus final à leur saga animalière De cape et de crocs. Prolongeant le plaisir avec un diptyque consacré à l'un de leurs personnages les plus attachants (mais tous ne le sont-ils pas?), c'est ainsi que ces deux filous ont entraîné leur lapin Eusèbe dans une belle galère. Mais qu'allait-il y faire? Rejoindre, à Paris, le Corps du garde du Cardinal. Une aventure périlleuse qui lui a peut-être fait échapper au civet de Nouvel An mais l'a emmené au-devant de graves dangers, quitte même à frôler la lame du... rasoir national.


Résumé de l'éditeur: Capturé par les malandrins de la Cour des miracles, Eusèbe est conduit à leur terrible chef qui n’est autre que son frère, Fulgence. Ce lapin malhonnête et violent fomente avec Fagotin, le singe assassin, un abominable forfait. Pris entre trahisons et intrigues de cour, Eusèbe parviendra-t-il à ramener Fulgence dans le droit chemin ? À moins que ce jumeau maléfique ne l’entraîne sur la voie du crime.


Pas en retard sur le chemin de l'aventure, Eusèbe s'attendait à pénétrer un autre pays des merveilles en franchissant le seuil de la Ville-Lumière... il va vite déchanter. Dans ce récit qui aurait bien pu être tourné en spin-off de la série originale, Ayroles et Masbou ont voulu rester sage et ne pas jouer trop longtemps les prolongations (rappelons que le dixième tome devait conclure la série avant qu'ils ne se ravisent). C'est tout à leur honneur. Point donc ici de Don Lope de Villalobos y Sangrin ou de Armand Raynal de Maupertuis qui sont encore sans doute bien loin de rêver atteindre un jour la Lune, c'est Eusèbe qui tire, bien malgré lui, la couverture à lui. Un douzième acte et puis s'en va après tant de standing ovation.


Ainsi, ce tout dernier opus s'amuse, sans perdre une once de la qualité qui a fait son succès, dans ce Paris des Mousquetaires, entre les plaines où se trament des duels incertains, la Cour des Miracles où se mêlent bêtes et hommes tous élevés de la misère sans oublier les quartiers des marquises, Notre-Dame la capitale et la guillotine guillerette (et c'est bien la seule... quoique...) à l'idée de faire spectacle pour les parisiens. Et de spectacle, il en est diablement question, partout, tout le temps, dans chaque coin des cases, distillant quelques révérences à Molière et les dramaturges d'exception, pris dans la frénésie des héros et... des méchants. Mais mieux vaut ne pas se fier aux apparences, un frère peut en cacher un autre, et le grand méchant est peut-être plus torturé qu'il ne semble. Puis, il y a les hommes dont les relations avec les animaux souvent dominants font le sel de la lecture.


Ici, résolument, rien n'est jamais évident, tout est subtil, même dans les retournements de situation et les péripéties extravagantes. Avec l'élégance des fines lames, Ayroles et Masbou clôturent en beauté et sans regret une bien belle histoire qui comptera dans l'histoire de la BD et ... qu'ils continuent quand même jusque dans les deuxième et troisième couvertures. Avec une conclusion qui donne envie de relire toute la série. La boucle est bouclée, et de quelle manière!

Alexis_Seny
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le 3 janv. 2017

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Alexis Seny

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