Silence
7.9
Silence

BD franco-belge de Didier Comès (1980)

Silence est un nom lourd à porter, surtout quand on est muet de naissance. Surtout quand on a été baptisé ainsi par mépris. Car Silence, l'idiot du village de Beausonge, est l'esclave d'Abel Mauvy, le plus riche fermier de la bourgade. Né d'un amour interdit, il a été élevé sans respect par cet homme irascible et mauvais. Son retard mental est sans doute autant dû à son mutisme congénital qu'au peu d'attentions – en dehors des brimades – dont il a fait l'objet pendant son enfance.
Devenu à l'âge adulte un homme fort, il est un ouvrier agricole de valeur, que Mauvy prête de temps en temps à ses voisins, comme il prêtrait une pelle. Mais Silence va découvrir, à l'occasion d'une journée de travail dans une autre ferme, une grange dans laquelle il n'aurait jamais dû mettre les pieds. Car la sorcière qu'il va y rencontrer lui fera connaître les détails de son ascendance...

Disons-le sans détour, si Silence peut paraître en première lecture une bande dessinée où souffle le vent d'une juste vengeance de deux êtres martyrisés à l'encontre d'un homme méprisable, Comès signe en réalité un ouvrage aux limites du ridicule.
Peut-être cette impression est-elle dû au fait que Silence, réalisé en 1980, a mal vieilli. Peut-être aussi est-elle dû au fait que Comès est plutôt mauvais scénariste. Il offre au lecteur une histoire relativement entendue, parlant de passés difficiles et de destins vengeurs.
Ses personnages sont caricaturaux : le muet idiot qui rêve de voir la mer, qui ignore la haine, dont les animaux n'ont pas peur ; le méchant qui n'a aucun côté positif et est tellement facile à haïr ; la sorcière qui malgré l'âge et une vie d'ermite à encore la plastique d'une Angelina Jolie ; le sorcier a l'âme rongée par le Mal et dont l'odeur nauséabonde attire les mouches.
L'histoire, en elle-même, se lit bien, mais comme je l'ai déjà dit, ne surprend pas le lecteur. Certaines scènes sont ridicules, rabaissant évidemment le récit. On pensera surtout à la scène de sexe entre la sorcière et Silence ou à l'évasion de la prison.

Au final, Silence m'a donné une impression plutôt négative. Le dessin de Comès est maîtrisé, avec un noir et blanc qui sied à l'ambiance morose du récit. Beaucoup plus maîtrisé que le scénario en tout cas, pusque ce dernier comporte de nombreux défauts et n'émeut pas autant que l'a sans doute voulu l'auteur.
Une bande dessinée qui ne vaut pas vraiment le détour.
Hard_Cover
4
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le 17 déc. 2010

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