Jonathan, c’est le double de son dessinateur, le suisse Cosey. Cet album est le premier épisode de ses aventures parues initialement dans le journal Tintin. Une histoire qui aura des suites grâce à son succès. Un succès cent fois mérité, car Jonathan a apporté un ton nouveau et un vent de fraicheur dans le paysage de la BD franco-belge en 1975.

L’album se présente selon un format très classique et 47 planches numérotées. Jonathan est un jeune suisse qui cherche à retourner au Tibet alors qu’il est amnésique. Il cherche les origines de son blocage. Il n’a aucune idée de ce qu’il peut trouver, mais son instinct le pousse à des actes insensés. Évadé d’un asile psychiatrique, il embauche un anglais (avec accent) pilote d’un monomoteur pour se faire parachuter au-dessus du massif himalayen : c’est la couverture de l’album. Jonathan est représenté comme planant (le type même du baba-cool avide de sensations) sur fond de cimes enneigées, avec l’avion au second plan.

Jonathan va faire des rencontres, affronter des dangers tant naturels qu’humains. L’album aborde la vie sentimentale de son héros et fait intervenir de façon dramatique la situation politique conflictuelle dans la région. A force de retrouver des lieux qu’il a fréquentés et de vivre des situations périlleuses, Jonathan recouvre progressivement la mémoire. Il se montre à la fois intrépide, audacieux, ouvert, curieux et généreux ainsi que très astucieux. C’est le seul point qui m’empêche de dire chef d’œuvre : apparemment Jonathan n’aurait que des qualités.

Le mode de vie des habitants est montré naturellement et les paysages sont magnifiques (très belles couleurs). Bien évidemment, comme c’est le premier album de la série, les traits du personnage Jonathan sont encore « jeunes ». Mais le style de Cosey est bien là. En particulier il s’affirme d’ores et déjà comme un véritable auteur de BD, car le découpage des planches est très étudié. Aucune planche ne ressemble à la précédente ou à la suivante. On trouve aussi bien des vignettes étirées en longueur ou en hauteur, que d’autres d’une page entière ou des petites intégrées dans des plus grandes. L’ensemble est toujours au service de la narration et évite le bavardage inutile. Un certain nombre de vignettes ne comportent pas de dialogue, d’autres seulement des interjections ou des pensées. Cosey est très à l’aise avec son scénario, puisqu’il se permet des flashbacks, des remontées de souvenirs comme des bouffées inattendues qui renforcent l’attention du lecteur. Et les personnages sont très expressifs et attachants.

Une vraie réussite qui donne immédiatement envie de passer à la suite. Cosey précise que l’album est à lire en écoutant Shankar family & friends, ainsi que « Obscured by clouds » de Pink Floyd et « Tubular bells » de Mike Oldfield. A signaler que cet album (seulement 38 notes à ce jour sur SC) n’est plus édité actuellement que regroupé avec les deux suivants, dans l’intégrale consacrée à la série…
Electron
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le 9 janv. 2013

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