Spirale
7.9
Spirale

Manga de Junji Itō (1998)

Il y a pas mal de difficultés inhérentes au genre de l'horreur cosmique.
Il faut être cruel pour amener l'histoire jusqu'à sa conclusion logique. Il faut une certaine froideur pour nier toute trace d'espoir métaphysique. Il faut de la subtilité pour que ça ne paraisse pas une puérile démonstration de nihilisme.
Et il faut de l'imagination. Avant tout, il faut savoir créer des concepts nouveaux pour qu'ils paraissent étrangers au public. La peur de l'inconnu doit s'appliquer à l'exercice narratif.


Or donc, c'est l'histoire d'une ville hantée par une spirale.


Partant de là, l'auteur va proposer une série de vignettes illustrant la chute d'une paisible ville côtière dans la folie et la mutation. Chaque chapitre a sa propre petite logique tordue, ou le motif de la spirale revient encore et toujours pour tordre les corps et les esprits des habitants et les supplicier, parfois avec un certain sens de l'humour. Alors que les choses deviennent de plus en plus ouvertement étranges, les habitants doivent se rendre à l'évidence : Dieu les hait, et est probablement un escargot consanguin. Remarque, ça leur apprendra à construire leurs maisons sur un ancien cimetière aïnou.
Ce qui rend ce manga unique, c'est ce mélange de cauchemar onirique, un peu éthéré, avec du gore et des métamorphoses torturées complètement atroces. Le mal est désagréablement charnel, mais la réaction des victimes est bizarrement résignée. Comme dans une oeuvre de Lovecraft, on dirait que les personnages étaient de toutes façons prêts à la fin de leur monde et la mort de la raison. Mention spécial au copain de l'héroïne, un geek antisocial et complètement névrosé, que je soupçonne d'être un portrait de l'auteur en jeune homme.


Il faut saluer l'effort : il y a toute l'ambiance oppressante typique d'une oeuvre d'épouvante, avec tellement d'aberrations sorties du coma d'un pervers polymorphe qu'il n'y a rien de ses habituels aspects fastidieux. C'est impérativement à lire, ne serait-ce que par curiosité morbide. C'est fascinant. Mais n'oubliez pas qu'un homme-escargot se bavant dessus dans un enclos peut l'être aussi.

Kevan
7
Écrit par

Créée

le 23 août 2020

Critique lue 96 fois

1 j'aime

Kevan

Écrit par

Critique lue 96 fois

1

D'autres avis sur Spirale

Spirale
Raoh
8

Ouzoumaki

Je ne connaissais que le film "Uzumaki", que j'avais trouvé plutôt pas mal bien qu'un peu cheapos sur pas mal de points. J'ai appris plus tard que c'était un film live adapté d'un manga, renommé...

Par

le 11 juil. 2011

11 j'aime

3

Spirale
janorio
6

Un beau dessin mais une histoire qui flanche

Lorsque j'entendais parler de Junji Ito j'en entendais toujours la même chose : c'est de l'horreur corporelle, bien réalisée à l'aide de bon dessins, mais il devrait tout de même se limiter a des...

le 27 août 2019

10 j'aime

Spirale
Bidontavu
8

Un traumatisme

Et pas un traumatisme au sens figuré, hein. Au sens propre. Une œuvre choquante, à tel point que je m'en souviens encore aujourd'hui alors que je l'ai lue il y a 6 ans...Ici, le scénario comme le...

le 28 sept. 2010

10 j'aime

Du même critique

Neon Genesis Evangelion
Kevan
5

Vide et mirages

Evangelion, c'est nul. Evangelion, c'est bien. Ces deux critiques, certes un peu restreintes, sont exactes l'une comme l'autres. Rares sont les histoires à pouvoir se vanter d'une pareille...

le 4 sept. 2013

120 j'aime

19

Evangelion 3.0 : You Can (Not) Redo
Kevan
3

Vous êtes sûr qu'on ne peut pas le refaire ?

Evangelion a toujours tendu un bras vers le sublime. Un bras cassé, hésitant, aux mains sales, mais qui avait le mérite d'exister. Il est dommage de voir qu'au bout de ce bras, il n'y a plus qu'un...

le 21 déc. 2013

39 j'aime

4

The Future Diary
Kevan
6

Je me suis fait bien eu.

Mirai Nikki, c'est cool. Et ce malgré son scénario débile, ses personnages plus stéréotypés tu meurs, ses situations absurdes, ses enjeux bizarres, son héros insupportable, son nawak ambiant.....

le 3 avr. 2014

32 j'aime

10