Le pari risqué de ce "what if" est de mettre en scène un personnage iconique et "patriotique", dans une certaine mesure, de la culture "comics" dans un environnement soviétique en pleine crise de la guerre froide.
Dépaysant mais moralisateur...
Alors qu'une fusée s'écrase dans la campagne Ukrainienne, en 1938, cachant à son bord un bébé qui grandira dans la douce quiétude de la ferme qui l'a recueilli,on découvre, alors que le jeune enfant est pourvu de certaines aptitudes surhumaines. Staline s'empresse de s'approprier le jeune garçon afin d'en faire un symbole de puissance et de pression sur les principaux opposants à l'empire Soviétique, les Etats-Unis. Ce Superman garde tout de même une certaine notion de moralité qui lui fait agir de son propre chef et sauver les innocents sans se soucier de leur pays d'origine. Lorsque les USA découvrent l'existence de cet extraterrestre surpuissant, au service de la nation soviétique, ils décident d'engager un scientifique de renom en la personne de Lex Luthor. Sa mission sera de trouver un moyen de créer une "arme" équivalente afin de contrer Superman, au cas ou le besoin s'en fait sentir. L'opposition aux différentes créations de Luthor éconduiront à des péripéties qui auront des conséquences sur la politique démographique et sociale, mondiale. Mais l’événement qui changera la face du monde, c'est la mort de Staline, qui avait désigné comme successeur ce héros de la nation qu'est l'homme d'acier. Superman ne semble pas enthousiaste, mais cela tend à changer...
Et on recommence...
Le capital sympathique de cette oeuvre est très grand. Le fait de voir Superman évoluer dans un environnement aussi fort que l'empire soviétique est un vrai délice, surtout que certaines figures emblématiques de JLA jouent un rôle prépondérant dans ce "what if" plein de bonnes idées, leurs looks respectifs se trouvent d'ailleurs adaptés à ce choix esthétique particulier. Certains opposants clés de la mythologie de Superman tiennent une place importante dans l'histoire, avec des origines remaniées à cette occasion et pour mieux coller au propos. Le caractère prophétique de l'image renvoyé par Superman à sa société rappelle un peu le rôle qu'il avait dans le futur alternatif proposé par la série de comics "Kingdom Come" de 1996, avec un caractère plus totalitaire bien sûr et pas avec les mêmes tenants et aboutissants. La seule vraie déception, c'est le dénouement qui ne prend pas beaucoup de risques et qui nous propose une morale un peu trop "politiquement correcte" pour l'ambition révolutionnaire que semblait amorcer l'oeuvre.
Le pouvoir au peuple : Le bilan est que la lecture de ce comic book est aussi plaisante que dépaysante même si il déçoit sur la fin en choisissant une alternative frustrante qui nous enferme dans le carcan canonique du personnage et de sa mythologie. Tant qu'à faire, ça n'aurait pas été plus mal d'aller au fond du concept quitte à faire grincer des dents...