The Immortal Hulk (2018 - 2021) par arnonaud

Critique numéro par numéro.



Immortal Hulk #1 [Juin]



Hulk est un personnage pour lequel Marvel a du mal à avoir une direction ces dernières années. Après l'essai d'Aaron, la version bossant pour le SHIELD de Waid, le run qui était là seulement pour enlever le surplus de Hulk alternatifs de Duggan, après avoir tué Hulk, après avoir tenté un Hulk cool et jeune avec le Totally Awesome Hulk de Pak et après avoir tenté de faire de She-Hulk une Hulk plus classique avec le run de Tamaki, voilà donc le retour à la vie de Bruce Banner (qui a eu en fait lieu dans Avengers No Surrender, ce qui permet d'éviter à ce premier numéro de s'embourber dans les explications de la résurrection) dans cette nouvelle série Immortal Hulk.


On retrouve Al Ewing à l'écriture avec Joe Bennett aux dessins, donc clairement pas une équipe créative qui fera rêver beaucoup de monde, pour un run qui veut proposer une orientation plus horrifique pour le personnage. En fait, en admettant désormais que le Hulk est immortel, ça permet d'accentuer le côté un peu créature surnaturelle du personnage, qui devient quasiment un "esprit de vengeance" dans cet épisode, un peu à la manière du Ghost Rider des 90's. Mais ce que veux faire en réalité Al Ewing, c'est un hommage aux 6 épisodes originaux de Hulk par Lee, Kirby et Ditko, qui lorgnaient plus du côté du comics horrifique que du côté du comics d'action que les séries suivantes du personnage auront tendance à avoir.


J'aime les récits de Hulk se passant dans l'Amérique profonde, et j'aime voir du Banner fugitif et vagabond, et c'est ce que propose la série donc c'est tant mieux. Et Ewing et Bennett savent rendre le Hulk ultra impressionnant et arrivent à le rendre légèrement effrayant/dérangeant avec son design massif mais reprenant le visage à la Kirby, et en lui donnant des regards et sourires distordus. Il n'y a pas de grosses bagarres musclées, mais on a quand même des double-splashs qui font le boulot.


Le dessin de Joe Bennett est pas fou, mais le côté un peu étrange et tordu qu'il donne à ses dessins est parfait pour l'ambiance angoissante du titre. C'est pareil pour les couleurs de Paul Mounts que je n'aime pas vraiment, mais pour une fois ses jaunes marronâtres un peu moches qu'il affectionne particulièrement et ses couleurs baveuses collent plutôt bien vu qu'elles renforcent là aussi le côté horrifique.


Ce premier numéro est donc un done-in-one en forme de note d'intention plutôt efficace. L'histoire proposée est classique mais plutôt efficace, grâce à l'apparition d'un Hulk plutôt marquant et d'une chute qui fonctionne pas mal. C'est pas le récit du siècle, mais ce mélange entre un retour au source et une certaine fraîcheur donne envie d'y croire. Reste la partie graphique, adaptée mais en soit réellement pas très belle qui fera que Immortal Hulk ne sera pas forcément une priorité dans ce relaunch. [7]



Immortal Hulk #2 [Juillet]



Hop, 2e numéro d'Immortal Hulk, et on a encore le droit à une histoire en done-in-one, même si la fin du numéro semble esquisser une sorte de fil de rouge pour l'avenir, en tout cas essaye de teaser quelque chose.


Mais ce format d'histoires en un épisode colle plutôt bien à la série, déjà parce qu'il y a une tradition du récit d'horreur sous forme de nouvelle, et même des comics qui étaient des anthologies horrifiques par le passé. Et c'est aussi adapté au statut de fugitif/vagabond de Bruce Banner, puisque sa vie ressemble à un interminable road-trip et, forcément, les histoires en un épisode permettent de raconter les différentes étapes du voyage de manière efficace, de faire ressentir le trajet.


En tout cas ce petit début d'épisode en bus m'a rappelé avec plaisir le début du run des années 2000 de John Byrne qui commençait sur deux excellents épisodes avant que tout ne se gâte par la suite. Al Ewing prend le temps de caractériser Banner, où il ne fait franchement rien d'incroyable à ce niveau là, le personnage n'en ressortant pas spécialement attachant ou charismatique (il faut dire que Bennett le dessine avec un look terriblement ordinaire), mais ce qui est plus réussi c'est l'ambiance, l'atmosphère qui est installée, assez paisible dans cette première moitié d'épisode, et qui est franchement plaisante.


On bascule ensuite dans le face à face avec la menace du jour, où contrairement au premier épisode, on tombe cette fois-ci sur une menace plus surnaturelle. Ce qui me faisait pas forcément rêver puisque je préfère voir Hulk affronter l'armée qu'affronter des monstres, mais Ewing s'en sort franchement bien. En fait, avec son approche singulière du géant de jade, le scénariste esquive un peu les bastons pour le moment, et étonnement ça ne manque pas, parce que les apparitions, rares, de ce Hulk vengeur et sa façon singulière de faire face à ses adversaires sont toujours marquantes. Son immortalité lui donne, encore plus qu'avant, un côté insurmontable, de fléau inévitable, un côté Ankou venant chercher les futurs défunts.


Comme le premier numéro et comme souvent avec Ewing, ce ne sera pas le comics le plus incroyable que vous lirez, mais cet hommage aux récits d'horreurs façon EC Comics est tout à fait agréable à lire. La partie artistique est pas folle, mais Bennett et José, son encreur, s'en sortent quand même plutôt pas mal pour donner une ambiance lugubre et étrange. Paul Mounts a quelques bonnes idées à la colo mais ses couleurs font quand même datées et leur rendu très baveux empêche une réelle élégance. [6]



Immortal Hulk #3 [Juillet]



Un 3e épisode toujours en done-in-one mais un peu plus original que le précédent puisqu'on part sur une espèce de récit à la Rashômon où l'aventure de Hulk du jour va être raconter par le prisme de 4 individus : un flic, un tenancier de bar, une petite mamie et un prêtre, et la très bonne idée du numéro c'est que chacun de leur témoignage est représenté par un artiste différent et dans un style différent.


La partie du flic est illustré par l'excellent Leonardo Romero, avec son trait à la Samnee qui est parfait pour un récit super-héroïque rétro hommage au silver age.


La partie du tenancier de bar est illustré par Paul Hornschemeier, avec un style comics indépendant assez froid (un peu façon Chester Brown) parfait pour un témoin un peu plus distant de la scène, engoncé dans son quotidien, qui n'a pas vu grand chose.


La partie sur la grand-mère est quant à elle illustré par la formidable Marguerite Sauvage et on a le droit à une parodie de romance comics complètement débile et très drôle. Surtout qu'en outre ces pages sont vraiment très belles, avec des couleurs plus légères et lumineuses que celles de Mounts et qui ressortent bien.


Enfin, la partie sur le prêtre est illustré par le brave Garry Brown. On sent la volonté d'une approche horrifique, mais du coup ça le met un peu en concurrence avec Bennett, surtout que les deux sont colorisés par Mounts. Et si le trait très lâché de Brown, plein de masses de noir, permet des choses intéressantes, son Hulk est dessiné de manière trop grotesque pour vraiment fonctionner et les cases manquent peut-être d'un peu de détails par moment.


Mais l'exercice de style se révèle très amusant à suivre et c'est vraiment plaisant à lire. C'est dommage que cette histoire n'ait pas de chute plus marquante pour vraiment rendre cet épisode culte. A la place Ewing part sur du teasing pour le prochain épisode, tant pis, mais bon c'est très réussi de ce côté là vu la gueule pas possible que fait Bennett au personnage annoncé. [7]



Immortal Hulk #4 [Août]



Honnêtement, cette série se révèle agréable à lire. En fait, comme d'habitude avec Al Ewing, je trouve ces séries toujours plaisantes à lire, mais le problème c'est que ça n’atteint jamais le niveau de qualité où ça devient un indispensable qu'on peut chaudement recommander à tout le monde.


On appréciera que dans cette série, il soit un peu moins dans les références à la continuité à outrance, ça rendra le titre peut-être plus accessible pour certains, plus facile à lire. En tout cas, on sent qu'il a bien cerné les personnages qu'il met en scène, et que sa connaissance de la continuité lui permet d'arriver avec des angles d'attaque à la fois originaux et pertinents.


Comme dans le numéro précédent, on suit la journaliste Jacqueline McGee qui bosse pour un journal du North Dakota et qui essaye d'en savoir plus sur ce possible retour de Bruce Banner. Le personnage est plutôt agréable à suivre, surtout que ça permet de donner une autre dimension à Banner et Hulk, une espèce d'aura de légende urbaine rendant leurs, rares, apparitions toujours plus marquantes.


Mais ce qui fait réellement le sel de ce numéro, c'est l'arrivé de Walter Langkowski, AKA Sasquatch, membre d'Alpha Flight ayant été exposé aux rayons gammas ce qui lui permet de se transformer en un genre de Hulk/yéti. C'est là où la connaissance de la continuité d'Ewing entre en jeu parce qu'il a la bonne idée de ressortir le personnage et il arrive très rapidement à lui donner une certaine densité. Surtout, Joe Bennett lui fait un design absolument improbable, avec une dégaine de branleur à la fois charismatique et un peu étrange qui le rend immédiatement captivant. Combiné avec sa caractérisation de mec assez tranquille un peu fier de lui et fier de son parcours d'ancien footballeur universitaire et scientifique, le personnage ressort vraiment par rapport aux autres. Il est génial et j'espère qu'il sera un second rôle permanent de la série.


Le numéro se lit vraiment très bien, lançant un petit arc en 2 numéros qui s'annonce assez prometteur et qui devrait permettre de voir un peu mieux ce qu'Ewing veut construire autour de la mythologie "Gamma" et comment il a redéfini Hulk. C'est, à mon sens, clairement ce qu'il s'est fait de plus intéressant sur Hulk depuis 2012, et on a envie d'y croire. C'est dommage que la série soit un peu étouffée par les autres succès du relaunch Fresh Start parce que c'est bourré d'idées intéressantes et on arrive à passer outre les faiblesses de Bennett et Mounts, surtout quand ils nous proposent des personnages aussi fous que ce Langkowski. [7]

arnonaud
7
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le 26 août 2018

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