Depuis son récent retour sur la scène comics, l’éditeur Valiant a l’air d’avoir compris que les séries régulières “infinies” ont fait long feu et que l’époque est plutôt aux courtes saisons et aux autres mini-séries. En voici un exemple avec The Valiant, une mini en 4 chapitres qui nous raconte comment tout l’univers Valiant fait front contre un ennemi commun, en se focalisant plus particulièrement sur quelques personnages.


On connaissait déjà Gilad, le Guerrier Immortel chargé de veiller sur les Geomancers, ces interprètes de la Terre. Tout comme l’ombre ne peut exister sans la lumière, Gilad se heurte régulièrement à l’Ennemi Immortel (oui c’est très inspiré), une créature maléfique qui n’a de cesse de vouloir tuer les Geomancers et, honnêtement, y est plutôt bien arrivée jusqu’ici. Alors que cet Ennemi est de retour et compte bien s’attaquer à la Geomancer actuelle, le MI-6 récupère enfin un étrange caisson aussi difficile à ouvrir qu’il a l’air important…


A première vue, The Valiant avait tout pour être un bon point d’entrée dans l’univers de l’éditeur. Le premier épisode, riche en exposition, est clairement destiné à d’éventuels nouveaux lecteurs en plus d’être porté par les somptueux dessins de Paolo Rivera. Jeff Lemire a beau avoir une excellente réputation (que je ne comprends pas, tant ses oeuvres mainstream sont fades à côté du touchant Essex County par exemple), pour moi c’était clairement le retour de Rivera sur des pages intérieures qui faisait de cette mini-série un événement. Alors que beaucoup des artistes actuels de chez Valiant ont un style relativement lambda, Paolo RIvera nous régale encore une fois de son trait sobre mais maîtrisé et expressif ainsi que de ses couleurs impeccables (son Ennemi Immortel est aussi particulièrement glauque…). On note également une idée sympathique : quelques passages tirés d’un livre de contes sont dessinés par Matt Kindt et Jeff Lemire, qui nous rappellent qu’ils sont des artistes complets même s’ils n’assurent ici que le scénario.


Un scénario qui, malheureusement, peine vite à convaincre. Passé la lente exposition du problème (l’Ennemi Immortel est de retour et il a l’air impossible à arrêter, même avec tous les héros Valiant réunis), ça n’avance plus vraiment. Kay McHenry la Geomancer et Bloodshot fuient l’Ennemi, se lancent dans des conversations qui ont surtout pour but de nous présenter ce dernier, et à un moment c’est bientôt la fin, alors on résout rapidement le problème sans être sûr de l’avoir vraiment résolu (!) et clap de fin. La suite dans Bloodshot Reborn !


Comme Jeff Lemire savait déjà qu’il s’occuperait de la suite des aventures de ce personnage, les événements de The Valiant ont entre autres pour but de préparer le terrain. Et ça se voit un peu trop, à tel point qu’on a plus l’impression de lire un prélude au relaunch de Bloodshot (ainsi qu’un nouveau départ pour Gilad) qu’une mini-série existant parfaitement isolément. De plus, malgré toute la réussite de Valiant (un catalogue très cohérent, un univers partagé à taille humaine, un récent gros apport de fonds d’un groupe chinois pour lancer un univers cinématographique etc.), on leur reproche leur manque de leur diversité. Là où Marvel, DC et Image - pour ne citer qu’eux - comprennent petit à petit l’importance d’équipes créatives et de personnages variés, Valiant propose encore un univers très (trop) masculin et homogène. Ce titre ne fait pas exception, et la résolution de l’intrigue déçoit particulièrement par son impression de gâchis, tant elle tombe dans un des travers qu’on a longtemps reproché aux histoires de super-héros.


Le seul personnage féminin qui meurt dans les bras d'un héros uniquement pour déclencher un changement de statu quo chez lui, alors qu'elle n'a jamais vraiment eu l'occasion d'exister jusqu'ici ? AFK vomi.


Après un début a priori engageant et malgré des graphismes magnifiques, The Valiant s’enlise donc rapidement dans une intrigue qui n’avance pas et s’achève sur un ressort narratif qui n’aurait jamais dû quitter le passé auquel il appartient. Une belle déception, littéralement.

cosmos
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le 26 mars 2015

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