Cet album de Tintin n'a pas une très bonne moyenne. Soit. Mais déjà, ça reste Tintin, la BD qui m'a appris à lire et qui m'a forgée une première culture. Par conséquent, Tintin, c'est sacré.
Maintenant, je vais essayer d'être un peu plus objective.
Voyons par exemple la construction. Tout commence par des explosions de moteur dans un contexte de tensions internationales : aucun rapport apparemment. Et pourtant, tout un réseau va se nouer intelligemment...
Tintin au pays de l'or noir, c'est aussi un travail de recherche assez important : alors que les dialogues entre indigènes dans Le Crabe aux pinces d'Or étaient écrits dans une imitation de l'arabe, ici, c'est du véritable arabe. Hergé se donne, de plus en plus, un mal fou pour que ses albums soient bien fichus.
Puis, une contextualisation discrète mais intelligente : les tensions existantes dans l'album sont très représentatives de l'époque, et même un peu visionnaires - dois-je rappeler que l'album n'est sorti qu'en 1950? Mais elles restent à l'arrière-plan, et c'est ainsi que l'album garde une actualité assez hallucinante puisque les conflits évoqués dans l'album tournent autour du pétrole...
Et à côté de ça, une incroyable légèreté, avec le petit duel entre Milou et celui qui veut le kidnapper, les Dupondt et leurs histoires de mirages, le cheik qui suit les aventures de Tintin, Abdallah, la métamorphose des Dupondt suite à l'absorption d'un prétendu comprimé d'aspirine...
Et puis le pied de nez final. Oui, Hergé soi-même nous fait un pied de nez en refusant de nous tenir la main, en nous refusant le point de vue omniscient, en ne nous livrant pas le secret de l'intervention du capitaine Haddock. Pour certains, cela peut paraître "facile", moi, je le vois bien plutôt comme une volonté de bousculer les habitudes des lecteurs de Tintin, que ce soit le cheik, vous, moi, bref, tout le monde de 7 à 77 ans - et même avant dans mon cas.