Dans un décor théorique de gratte ciels et de prairies, des toiles de fonds si dépouillées qu’on les croirait peintes comme une affiche de Cassandre, Tintin nous fait vivre des émotions qui, pour être celles d’une Amérique de baraque foraine, n’en sont pas moins le témoignage d’une epoque.Les amateurs d’exactitude chercheraient vainement ici un détail qui ressemblerait précisément à quelque chose. Par la spontanéité des clichés qu’il retient ,très éloignés, bien sûr, du banal quotidien que n’attend pas le jeune lecteur : le crime, avec les syndicats de gangsters, les tueurs professionnelles avec leurs baremes du crime, les cops violents au comportement déroutant, les faux policiers, les lynchages expiatoires de noirs, les alcools frelatés etc.. , le tableau n’a que plus de charme et la charge, plus d’éloquence, en reprenant tous les accessoires qui firent l’atmosphère de l’Amérique des 1930, se bornant à les équilibrer et les préciser un peu. Emporté par la fièvre américaine, Hergé poursuit et force le trait avec la modernité barbare, et, présentée brut de décoffrage, des accessoires qui font de l’Amérique une jungle enrichie de toutes sortes de commodités, une caverne a système et a commodité pour Robert Houdin, toutes ces trappes automatiques qui escamotent a volonté un adversaire embrassant ou soustraiyant une canaille a la justice, les volets d’acier d’un taxi trafiqué, l’élimination de gêneurs par la chambre à gaz, les poursuite de gangsters en pleine ville, sur le marché pied d’une automobile.Puis l’industrie, les épaves de voiture abandonnées dans le campagne, l’outrage des publicité baroques et monumentales, des statistiques délirantes, les usines qui s’échangent la récupération des matières premières dans ce Chicago des abattoirs industriels et de la bidoche en boites à outrance, capable de vous rendre végétarien.La vision d'Hergé de l'Amerique de cette époque fut finalement celle de la majorité des européens.