Alors que les locataires de Moulinsart vaquaient à leurs occupations, les voilà pris à parti dans un conflit politique qu'ils avaient cru régler par le passé (1). Départ pour San Théodoros où nos amis, aux mains de la milice Tapioquiste, devront redoubler de vigilance pour parvenir à échapper à la mort qui leur est promise par leur ancien ennemi de L'Oreille cassée : le colonel Sponsz. Au cours de leur périple, nos héros feront la rencontre de la force rebelle Picaros menée par un ancien mi-ami mi-ennemi qui n'est autre que le général Alcazar dont la dernière rencontre avait laissé planer le doute sur son intégrité (2). Suite à une invention de Tournesol qui avait fait spécialement le déplacement pour sauver sa bien aimée Castafiore soupçonnée de complot, les Picaros reprennent le pouvoir aux tyrans en place. Et tout est bien qui finit bien.

Tintin et les Picaros s'inscrit dans la lignée du volet précédent avec ce qu'il contient de bon et de mauvais. Depuis "Coke en stock" (2), nos compères aspirent à la tranquillité qu'ils ont bien mérité mais qu'Hergé leur refuse. Jusqu'à Tintin au Tibet, ils allaient de par le monde pour vaincre le mal dans toute ses formes, pour retrouver des trésors qu'ils soient culturels ou monnayables et surtout pour mener à bien des enquêtes qu'ils avaient choisis de poursuivre ! Le hasard, la malchance ou la curiosité ont été les principaux vecteurs de leur motivations à partir à l'aventure jusqu'à ce Tintin au Tibet vienne changer la donne (3). Depuis, leurs anciens rivaux n'ont de cesse de leur causer des ennuis comme s'ils voulaient les forcer à sortir de leur retraite, d'où cette impression d'avancer à reculons.

Tintin et ses compagnons ont tout vu, tout vécu, tout vaincu. Pourquoi venir les troubler ? Sans doute pour les mêmes raison que j'évoquais dans ma critique de Vol 714 pour Sydney (4)... L'impression que c'est l'aventure de trop ne nous quitte pas au fil de notre lecture et la fin en forme de bras d'honneur nous montre bien que Tintin (c'est à dire Hergé) n'en a plus rien à foutre de la misère dans le monde ou de la tyrannie. Les héros seraient presque interchangeables s'il n'y avait pas tant d'auto références. Les gentils sont les mêmes, les méchants sont les mêmes, les leviers scénaristiques ou humoristiques sont les mêmes, les pays hôtes sont les mêmes et même les traitres sont d'anciennes connaissances !

La série tourne en rond et même si quelques gags prêtent à sourire ( je pense à la volonté de faire fusiller par honneur ou aux gens de pouvoir maltraiter leur bonne femme et rendu bonniche à la maison), on sent bien qu'Hergé est à bout de souffle.

Terminus : Tintin et l'Alph-Art

1 : "L'Oreille cassée" (cf ma critique : http://www.senscritique.com/bd/L_Oreille_cassee_Les_Aventures_de_Tintin_tome_6/61975)
2 : "Coke en stock" (cf ma critique : http://www.senscritique.com/bd/Coke_en_stock_Les_Aventures_de_Tintin_tome_19/critique/31030411)
3 : "Tintin au Tibet" (cf ma critique : http://www.senscritique.com/bd/Tintin_au_Tibet_Les_Aventures_de_Tintin_tome_20/critique/31055560)
4 : "Vol 714 pour Sydney" (cf ma critique : http://www.senscritique.com/bd/Vol_714_pour_Sydney_Les_Aventures_de_Tintin_tome_22/critique/31081168)
BoldBoy
7
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Lues ou relues en 2014 et Bandes Dessinées : mes critiques

Créée

le 28 févr. 2014

Critique lue 904 fois

6 j'aime

1 commentaire

BoldBoy

Écrit par

Critique lue 904 fois

6
1

D'autres avis sur Tintin et les Picaros - Les Aventures de Tintin, tome 23

Du même critique

Le Prestige
BoldBoy
8

Sur scène, l'impossible peut devenir réalité. En coulisse, c'est la réalité qui devient impossible.

Les films de Nolan sont composés de trois parties ou actes: - Le premier est appelé "mise en abyme". Durant cette partie, l'auteur réalise son film comme l'exact reflet de son thème principal : ici...

le 4 juil. 2011

29 j'aime

Le Conte de la princesse Kaguya
BoldBoy
8

Fly me to the Moon

25 ans (!) après "Le tombeau des lucioles", chef d'oeuvre incontesté du second couteau des studios Ghibli et près de 15 ans après son dernier film en date, Isao Takahata s'essaye cette fois-ci au...

le 30 juin 2014

21 j'aime

7

Kaamelott
BoldBoy
9

Crétins de Troyes

Une série made in france qui rivalise avec les séries US ? Non, impossible. Une série sur l'univers médiéval ? Beurk, jamais ! Et pourtant... Alexandre "le grand" Astier nous offre une remarquable...

le 4 juin 2011

20 j'aime

3