Publié en octobre 2020, l'album sort en pleine année du mouvement Black Lives Matter (George Floyd décède effroyablement le 25/05/2020, résurgence en France de l'Affaire Adama Traoré en juin 2020) et apporte pleinement sa pierre à ce combat pour l'égalité des droits. Dans un contexte champ de coton des années 1860, les auteurs ont réussi ce tour de force de rendre cette histoire plus que jamais contemporaine.
C'est aussi d'une certaine manière l'album de la rédemption envers la place qu'ont occupé les noirs dans les aventures de Lucky Luke. On est très loin des clichés terribles qui sévissent dans l'album En remontant le Mississippi (1961), montrant les noirs fainéants, peureux et niais. Ici les noirs sont exploités dans les champs de coton mais sont conscients de l'injustice et attendent le déclic pour dire stop. On pourra regretter que ce soit au blanc Lucky Luke de sonner la révolte mais il reprend ses galons de leader qu'on a connu dans Billy the Kid.
Côté clin d’œil à un album ancien, le coup de la tornade déjà vue dans La Fiancée de Lucky Luke (tome 54).
Dans le genre aucune subtilité par contre : les références grosses comme des maisons de Jul sur Obama, Oprah Winfrey, Martin Luther King ou encore Mark Twain. Les Dalton ne servent à rien à part enjoliver le casting de l'album. A croire que les auteurs construisent le récit autour des références et non l'inverse.
Autrement côté histoire c'est cohérent, les réflexions sur l'absurdité du racisme, sur l'insoumission et sur l'espoir sont bien traitées avec humour (cf ce propriétaire blanc qui dit ne "pas aimer les mélanges" quand on lui propose un cocktail !).
Le personnage de Lucky Luke est respecté et l'album rend magistralement hommage à Bass Reeves, premier shérif adjoint noir à l'ouest du Mississippi parlant les langues amérindiennes et ayant arrêté 3.000 criminels en 32 ans de carrière.
Sans être un chef d’œuvre, assurément un des meilleurs Lucky Luke post-Morris pour le moment.