Des actes notariés, un trésor dérobé et … une pièce montée.


Un mariage à part marque une rupture importante dans la sous-série Donjon Zénith. La plus évidente concerne bien sûr le dessin, où Trondheim passe le relais à Boulet. Le trait de ce dernier est radicalement différent de celui de son prédécesseur, au point de se demander quand on enchaîne la lecture de Sortilège et avatar (DZ4) et de cet album si on est toujours bien dans la même série. Le dessin de Boulet est propre, assez conventionnel, moins minimaliste mais également moins humoristique que celui de Trondheim. Du coup, bien que plaisant, le dessin de Boulet a du mal à véhiculer l’humour potache et décalé propre à Donjon Zénith et, s’il est irréprochable et techniquement très bon, il ne me touche pas vraiment et me rend personnellement plus hermétique aux blagues.


D’ailleurs, le scénario lui-même est beaucoup moins axé sur l’humour que dans les quatre premiers Donjon Zénith; certains événements décrits dans cet album n’étant pas vraiment drôles (brouille sévère entre Herbert et Marvin, Gardien englué dans des magouilles financières et juridiques mettant en péril l’avenir du Donjon, Isis forcée d’épouser un homme qu’elle n’aime pas …). Evidemment, la série Donjon Zénith se doit de changer de ton au fur et à mesure qu’elle avance vers Donjon Crépuscule, mais le fait que ce changement d’ambiance apparaisse si tôt dans la saga me chagrine un peu (on n’est qu’au niveau 5, bon sang !). D’ailleurs, élément qui ne trompe pas : les discussions entre Herbert et la Ceinture du Destin disparaissent dans cet album-ci (et dans tous les Donjon Zénith suivants dessinés par Boulet – si l’on excepte un bref dialogue dans Retour en fanfare (DZ6), et encore même pas drôle !). Or j’avoue que les interventions foireuses de la Ceinture et ses discussions absurdes avec Herbert qui engendraient souvent moult catastrophes hilarantes étaient mes passages préférés des tomes précédents.


Mais il y a quand même des points positifs à tous ces changements. Notamment en ce qui concerne le côté héroïque des péripéties, où l’action est beaucoup plus présente et surtout spectaculaire, ce dont le dessin de Boulet est pleinement responsable. En effet, avec un trait lisse lorgnant parfois sur le manga et de nombreuses cases de grande taille, Boulet donne beaucoup d’ampleur aux scènes d’action, certaines étant d’ailleurs carrément magistrales (Herbert dégommant un Troll sur la colline ou la confrontation Marvin / Isis sous la pluie par exemple).


Entre un dessin plus sage et plus maîtrisé et un scénario davantage tourné sur l’action que sur l’humour, la lecture de Un mariage à part est au final moins marrante que celle des quatre Donjon Zénith précédents. Donjon perd un peu avec cet album de la fraîcheur et de la spontanéité des débuts pour se recentrer sur quelque chose d’un peu plus cohérent et travaillé (on n’est finalement pas si loin que ça de l’héroïc-fantasy classique …).

_minot_
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le 28 avr. 2021

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