Un printemps à Tchernobyl
7.8
Un printemps à Tchernobyl

Roman graphique de Emmanuel Lepage (2012)

Dans Un printemps à Tchernobyl, Emmanuel Lepage raconte le même voyage qu’il avait relaté avec Gildas Chassebœuf dans les Fleurs de Tchernobyl : quelques semaines passées non loin de la zone entre autochtones et artistes bretons, une vingtaine d’années après le champignon. On y gagne en unité, forcément, puisqu’il n’y a qu’un seul auteur.
En revanche, c’est plutôt longuet. Le premier quart de l’album, notamment, s’il a la mérite de placer le voyage dans son contexte « associatif-caritatif » dont il présente les personnages, installe un rythme traînant dont Un printemps à Tchernobyl ne se débarrassera jamais. C’est le problème de la bande dessinée documentaire : la plupart du temps, comme les personnages y ont beaucoup de choses à expliquer (et que d’une manière générale la parole y tient un rôle majeur), la fidélité au réel exige de longs textes. La solution choisie par Emmanuel Lepage pour les faire passer (au sens où on fait passer un médicament dégueulasse) consiste à ne pas saturer les planches de phylactères, d’où ce long préambule. (Peut-être, pour conserver un rythme, fallait-il quand même surcharger chaque page de longs textes, façon Blake et Mortimer. Ou alors disséminer, dans ce préambule, quelques pages uniquement dévolues au texte.)
J’ai davantage apprécié l’évocation des rencontres entre les artistes – dont l’auteur – et les riverains de la zone – dont certains sont également artistes. Par ailleurs, visuellement, c’est efficace – notamment avec ces paysages qu’on aimerait appeler natures mortes – mais ça reste plan-plan. Il n’y a pas grand-chose de mémorable, si ce n’est une très belle planche (p. 136-137) dans laquelle un liquidateur pousse un landau dans la forêt.
Mais j’attends toujours un bouquin marquant sur Tchernobyl.

Alcofribas
6
Écrit par

Créée

le 13 juil. 2017

Critique lue 292 fois

2 j'aime

Alcofribas

Écrit par

Critique lue 292 fois

2

D'autres avis sur Un printemps à Tchernobyl

Un printemps à Tchernobyl
Le_blog_de_Yuko
8

Critique de Un printemps à Tchernobyl par Le_blog_de_Yuko

S'il s'attendait à trouver ruine et désolation au moment de son départ, c'est finalement la vie et l'espoir que dépeint Emmanuel Lepage dans cet album d'une grande puissance évocatrice. Avec émotion...

le 15 sept. 2013

6 j'aime

Un printemps à Tchernobyl
sulli
5

Une beauté improbable qui se révèle tardivement

300 000 personnes évacuées, 600 000 « liquidateurs » sacrifiés, un nombre incalculable de personnes contaminées (on a tous vu ces effroyables photos d’enfants difformes), un coût de 1000 milliards de...

le 8 mars 2013

6 j'aime

Un printemps à Tchernobyl
jerome60
8

Critique de Un printemps à Tchernobyl par jerome60

Avril 2008. Emmanuel Lepage arrive en Ukraine, près de Tchernobyl. Accompagné de l’illustrateur Gildas Chasseboeuf, il se rend sur place pour réaliser un reportage sur la vie des survivants et de...

le 9 janv. 2013

6 j'aime

Du même critique

Propaganda
Alcofribas
7

Dans tous les sens

Pratiquant la sociologie du travail sauvage, je distingue boulots de merde et boulots de connard. J’ai tâché de mener ma jeunesse de façon à éviter les uns et les autres. J’applique l’expression...

le 1 oct. 2017

30 j'aime

8

Le Jeune Acteur, tome 1
Alcofribas
7

« Ce Vincent Lacoste »

Pour ceux qui ne se seraient pas encore dit que les films et les albums de Riad Sattouf déclinent une seule et même œuvre sous différentes formes, ce premier volume du Jeune Acteur fait le lien de...

le 11 nov. 2021

20 j'aime

Un roi sans divertissement
Alcofribas
9

Façon de parler

Ce livre a ruiné l’image que je me faisais de son auteur. Sur la foi des gionophiles – voire gionolâtres – que j’avais précédemment rencontrées, je m’attendais à lire une sorte d’ode à la terre de...

le 4 avr. 2018

20 j'aime