Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984) – L’Arabe du futur, tome 1 par Christine Deschamps

Une immersion pesante dans l'enfance toute pourrie d'un métisse breton/syrien. Évidemment, on peut concevoir des cocktails plus spontanés, moins portés à provoquer ce fameux "choc des civilisations" dont on nous rebat tant les oreilles dans certains cercles pas forcément fréquentables. Du coup, voilà toute l’ambiguïté de ce gros volume assez pénible à lire : à force de débiner sa famille syrienne, l'auteur finit par nous mettre un peu mal à l'aise, comme si on était tenté de rire par politesse à une blague sur les blondes. Sauf que là, à aucun moment on est tenté ne serait-ce que de sourire. La mère du gamin est une vraie carpette, le père un balourd comme on aimerait en contaminer le plus grand nombre à l'anthrax, l'oncle une ordure hypocrite, les cousins des brutes épaisses, graines de matons sadiques dans les prisons d'un régime autoritaire, le pays est d'une saleté rare... bref, on en bave des ronds de chapeaux, à la place de ce petit garçon blond qui ne se rend pas vraiment compte de l'ineptie de la situation dans laquelle son inconscient de père le plonge, et heureusement. La Libye ne sort pas vraiment grandie du tableau folklorique que l'auteur en dresse, mais la Syrie plonge direct au fond des égouts par la chasse d'eau sans passer par la case savon. Les gens y sont dépeints comme des bigots violents et malhonnêtes, les enfants remportent la palme de l'antipathie par leur brutalité et leur zèle antisémite, les femmes inspirent une pitié mélangée d'exaspération tant elles sont serviles et veules. Cela dit, même les enfants bretons en prennent pour leur grade, eux qui sont décrits comme des dégénérés à peine capables de parler ou de dessiner... Bref, je ne sais pas trop à quoi joue l'auteur, et je n'ai guère envie de mener l'enquête dans les tomes à suivre, car, sans faire d'angélisme, le spectacle de l'abrutissement des foules ou du martyre des petits chiens ne constitue pas, à proprement parler, un excellent moment de lecture. Si au moins le dessin sauvait la mise...