Un super-héros doit-il être un parangon de vertu ?


La lecture actuelle des mythes super héroïques proposée dans les médias, que ce soit la bande dessinée, la télévision ou le cinéma, a tendance à laisser penser que oui. Et bien que certaines oeuvres un peu plus subversives aient cherché à renverser cette tendance, on pense alors à Watchmen de Alan Moore ou très récemment The Boys de Garth Ennis, il faut bien avouer que le terme employé pour décrire les personnages principaux n'est pas celui de héros mais plutôt celui d'anti-héros. L'opposition avec le héros vertueux reste donc profondément ancrée dans notre imaginaire collectif.


Il est pourtant possible de faire bouger cette frontière finalement très manichéenne sans pour autant tomber dans des extrêmes flirtant parfois avec le cliché. Le monde des comics peut dépasser l'opposition binaire du blanc et du noir et proposer un contraste de gris pour nos héros. Pour ça, il suffit de rappeler ces personnages à leur humanité, mais aussi à leur impuissance. Briser avec cette idée saugrenue que les héros seraient devenus les dieux modernes de notre société.


Voilà justement ce à quoi s'attelle l'équipe de Matt Kindt au travers du run Unity de l'écurie Valiant. Celui-ci nous raconte l'histoire de la formation d'une équipe de supers et de ses premiers balbutiements. Face à la menace X-O Manowar, un trio composé de Livewire, Ninjak et du Guerrier Eternel se forme. On va alors suivre les missions les plus marquantes de leurs débuts : le combat contre les chasseurs d'armure, l'élimination du Dr Silk, puis de la Belliciste, etc.


La qualité principale de ce run se trouve dans le traitement de ses personnages. Pour cela, l'auteur fait le choix d'un récit adulte qui n'a pas peur de traîner ses héros dans la fange. Unity est une équipe prête à tous les sacrifices pour préserver la paix, même les plus discutables. Ce à quoi Faith, héroïne encore jeune et idéaliste, refusera finalement de participer.


Cependant, cette seule qualité ne suffit pas à masquer les nombreux défauts de ce tome. Le premier et le plus criant concerne deux arcs : la création de l'équipe et la lutte contre les chasseurs d'armure. Bien mieux développés au travers des intégraux X-O Manowar, ces arcs sont ici tronqués d'une partie des chapitres nécessaires à leur bonne compréhension. Ce qui rend leur lecture finalement très difficile.


Les arcs suivants, exclusifs à cet intégral n'arrivent pas non plus à convaincre : l'élimination du Dr Silk n'est en fait qu'un épisode annonçant une menace à venir, la Belliciste permet de découvrir les précédentes itérations de l'équipe Unity mais son cas se voit réglé en l'espace de trois cases.


Finalement seuls les épisodes centraux se concentrant sur la psychologie des différents membres de l'équipe ont un véritable intérêt. Ce qui reste finalement très léger. Ce tome n'est donc pas un incontournable et pourra juste servir de complément aux précédents intégraux afin de mieux découvrir l'univers Valiant. A réserver aux seuls fans.

AymericBeatrix
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le 2 nov. 2019

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Captain Frisbee

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