Les conséquences de la guerre, pour les nuls

Sorte de croisement entre "Voyage au bout de l'enfer" et "Démineurs", Uriel, Samuel, Andrew (U,S,A pour plus de commodité) est un comics indé qui tente de montrer les traumatismes post-guerre que peuvent subir les soldats de retour dans leur pays. Sauf que, contrairement à Voyage au bout de l'enfer, le brave soldat 'ricain venu se faire tuer loin de chez lui est parti en Irak, et non au Vietnam.

Et pour caricaturer grossièrement, au lieu d'imaginer un jeune vietnamien ensanglanté, les héros traumatisés visualiseront plutôt une jeune irakienne parée de son foulard, ensanglanté forcément. Et là est le problème de U,S,A c'est une bande-dessinée qui traite d'un problème intéressant, en phase avec l'actualité, mais qui ne fait que reprendre tout ce qui a déjà été dit sur le sujet, ne serait-ce qu'au cinéma. Oui, la guerre c'est mal, les soldats en reviennent traumatisés, il leur arrive d'avoir des hallucinations, d'avoir du mal à recoller avec leur vie originelle, de péter un plomb, voire de revenir amputé d'un bras ou d'une jambe. Et chacun a des effets différents. Voilà, je viens de vous résumer le propos des 200 pages du comics en l'espace de trois lignes.

Certes, le procédé semble grossier pour une critique un tant soit peu pertinente, mais le comics de Will Argunas ne se gêne pas non plus pour tomber dans la caricature grossière. Du genre, un jeune black qui vient de perdre son père, sa mère a du mal à payer ses factures, et puisqu'il a 17 ans, que va-t-il faire ? Eh bien, c'est évident, il va vendre de la drogue pour arrondir ses fins de mois, et sécher les cours. Et l'ensemble baigne dans ce misérabilisme social éculé, sans que l'auteur ne parvienne jamais à montrer une situation "originale" ou une critique pertinente sur le système. Enfin, rien que "Voyage au bout de l'enfer" n'ait déjà dit en fait. Ou "Démineurs". Ou n'importe quel film consacré aux soldats en tant que personnes.

Comme quoi on peut faire quelque chose d'affreusement quelconque avec un sujet brûlant et potentiellement très émouvant, mais quand les ficelles narratives sont trop grossières, ça ne peut pas marcher.
Floax
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le 7 juil. 2014

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