Ce n'est un secret pour personne : Jar-Jar Binks n'est, disons-le poliment, pas le personnage le plus populaire de la saga Star Wars. Mais cette aversion concernerait-elle toute sa race, les Gungans ??? Ce n'est certainement pas mon cas, car si le personnage joué par Ahmed Best me file des boutons à chacune de ses apparitions, je trouve que son peuple de guerriers amphibiens est l'un des plus intéressants de tout SW, sur le plan culturel comme esthétique. J'ai un faible tout particulier pour le didjeridoo qui accompagne leur entrée sur le champ de bataille…


Mais après ce tome 2 de Clone Wars, Victoires et Sacrifices, je ne suis vraiment pas certain que cet attrait soit partagé, le premier récit ressemblant fort à du fan-service… enfin, toujours est-il que ces pauvres Gungans ne sont pas à la fête, puisque leurs troupes envoyées mater une rébellion de mineurs sur la lune d'Ohma-d'Un ne répondent plus à l'appel. Comme il est douteux que les mineurs aient pu gérer cette menace sans le soutien probable de la Confédération des Systèmes Indépendants, l'affaire n'est plus considérée comme interne et les jedi interviennent.


Leur task-force est composé d'Obi-Wan Kenobi et de son apprenti Anakin Skywalker, qui rumine d'être aussi près de sa femme Padmé, de maître Glaive et de sa padawan Zule Xiss, et du commando clone ARC A-17, bientôt rebaptisé "Alpha", que nous avons déjà rencontré dans l'album précédent. Glaive est une montagne de muscles chauve et barbue, véritable sosie du catcheur Erick Rowan. Zule est une jolie Zeltronne peste et arrogante, comme tant de padawans de son âge… une fine équipe, il n'y a pas à dire.


Sur place, ils ne tardent pas à découvrir que les guerriers gungans ont effectivement été massacrés par un gaz inconnu qui crée des bubons et brûle la peau et les organes. Cette opération de nettoyage est coordonnée par nulle autre qu'Asajj Ventress, cette fois secondée du chasseur de primes Durge, dont c'est la première apparition avant que la série animé de Guennadi Tartakovsky ne le rende lui aussi célèbre.


Sauf que, dans le cartoon du créateur de Samurai Jack, Durge était un tueur indestructible et silencieux. Sous la plume d'Haden Blackman, il est au contraire un incurable bavard, au point d'en devenir franchement pénible. Son pugilat avec Glaive ressemble effectivement à un hypothétique match de WWE entre Rowan et The Shockmaster, au cours duquel ils s'invectiveraient face au public. Il faut dire que le dessinateur Tomas Giorello aime les muscles, même Alpha ressemble plus à Schwarzie qu'à Temuera Morrison. Oh, et une poignée de Gungans zombies font leur apparition, on ne sait trop pourquoi…


Tout cela vire donc un peu au grand n'importe quoi, mais Ventress illumine le tout comme à son habitude, tranchant d'abord la grosse tête de Glaive puis le bras de Zule avant que que les jedi ne la force à battre en retraite. Une histoire divertissante donc, mais un peu trop bourrin et délirante à mon goût. Le catch n'est pas forcément le support d'emprunt le plus pertinent pour SW, Mr. Blackman…


Le chapitre suivant est heureusement beaucoup plus sérieux, toujours scénarisé par Blackman mais cette fois dessiné par celui qui deviendrait à mon sens le plus grand dessinateur de comics SW, Brian Ching. Le jeune artiste se cherche alors encore un peu, mais l'élégance asiatique de son trait rappelle instantanément le grand Jim Lee, illustrateur de Batman : Silence.


Suite aux événements d'Ohma-d'Un, Obi-Wan Kenobi est envoyé voler un antidote au "gaz des marais" dans une usine chimique séparatiste sur la planète volcanique Queyta. Pour ce faire, il est assisté de quatre jedi en marge des opérations, des électrons libres un peu atypiques : une Bothan vindicative appelée Knol Ven-Nari, surnommée "La Mangeuse de Feu" en raison de sa capacité à éteindre les incendies avec la Force (ne devrait-ce pas plutôt être "La Pompière" ? Moins poétique…) ; Jon Antilles, vigilante au visage constamment caché sous sa capuche ; Nico Diath, libérateur d'esclaves ; et enfin, maître Fay, sorte d'elfe-jedi, millénaire et éthérée.


Le groupe est bien sûr accueilli par Ventress et Durge, qui tire sur un scientifique skakoan pour faire exploser sa combinaison pressurisée, créant une réaction en chaîne qui ravage l'usine. Knol parvient à maîtriser la tempête de flammes, mais au prix de sa vie. C'est ensuite au tour de Diath de mourir un peu bêtement en tombant dans la lave, sort bientôt partagé par Antilles, qui retient Durge un moment pour permette à Fay et Kenobi de rattraper Ventress et de lui voler l'antidote. Hélas, la cruelle Rattataki blesse mortellement la belle jedi, qui transmet toute son énergie via la Force à Obi-Wan pour lui permettre de s'enfuir et de rejoindre le temple sur Coruscant.


Cette histoire est plus courte mais plus intense et moins bordélique que la première ; la galerie de jedi iconoclastes est fort sympathique, chacun ayant le temps de briller dans un court laps de temps, ce qui n'était pas gagné. Durge est toujours aussi irritant (même si son "respire à fond, jedi" à Antilles au moment de le plonger dans la lave est assez hilarant, je dois l'avouer) mais les fondations sont posées pour la rivalité teintée d'attirance qui fera tout le sel de la relation entre Obi-Wan et Ventress pour les albums à venir…


Le trio magique Ostrander-Duursema-Anderson fait son retour pour le troisième et dernier chapitre, consacré à la jedi togruta Shaak Ti, membre du conseil aperçue dans L'Attaque des Clones, où elle est jouée par le superbe mannequin israélien Orli Shoshan. Shaak, avec ses collègues Agen Kolar et Shon-Kon-Ray (subtil…), fait partie d'un corps expéditionnaire commandé par ce bon vieux Plo Koon pour libérer la planète Brentaal IV, victime d'un coup d'état du leader séparatiste Shogar Tok.


Malheureusement, rien ne se passe comme prévu : les renseignements faisaient totalement fausse route car la population ne voit pas les clones comme des "libérateurs", mais comme des hostiles. Shon-Kon-Ray est abattu avant même de toucher terre, Kolar est bientôt capturé, et leurs troupes sont décimées. Il revient à Shaak Ti d'infiltrer la forteresse de Shogar Tok pour le neutraliser et désactiver son bouclier d'énergie.


Une fois dans les égouts de la forteresse de Tok, Shaak fait plusieurs rencontres inattendues : un ex-garde sénatorial appelé Sagoro Autem, véritable John McClane de l'espace, un Wookie enragé du nom de Ryyk, et une femme fatale zeltronne, Lyshaa, responsable de la mort de l'ex-apprentie de Shaak. Oh, et Quinlan Vos aussi est de la partie : de fausses informations avaient été communiquées en son nom pour tendre un piège à la République tandis que lui-même croupissait en prison.


Ryyk est rapidement tué par une grosse bestiole deus ex machina, puis l'équipe se divise : Vos, Autem et un soldat clone iront saboter le générateur de bouclier pendant que Shaak et Lyshaa s'occuperont de Tok. La paranoïaque Lyshaa est convaincu que Shaak veut se venger de la mort de son apprentie, ce qui n'est évidemment pas le cas. Comme Plo Koon dans La Guerre de Stark, il est difficile de ne pas se laisser séduire par le calme et la sérénité de la belle Togruta.


Malheureusement, sa naïveté est également confondante : sans surprise, Lyshaa la trahit en se ralliant à Tok et en balançant Vos et Autem. Héros anonyme, le soldat clone se sacrifie cependant pour détruire le générateur avec son propre détonateur thermique. Entretemps, Shaak Ti, bien que blessée par un tir de Lyshaa, parvient à prendre le dessus sur Shogar Tok et le transperce de sa lame bleue. Elle enjoint à Lyshaa de se rendre mais la paranoïa de la Zeltronne est trop forte, qui la pousse à se jeter accidentellement dans un champ de lasers. *Karma, b*tch*.


La bataille de Brentaal IV est donc une victoire pour la République, mais chèrement acquise, comme le fait remarquer un Quinlan Vos qui se fait de moins en moins d'illusions sur la popularité des jedi… remise de ses blessures physiques, Shaak Ti se demande aussi pourquoi ils se battent et quel sera le prix à payer pour l'ordre jedi. L'album se termine sur une magnifique planche où la jeune femme se confie à son ami Plo Koon, lequel n'a pas les réponses à ses interrogations. "Il est cependant bon de s'interroger, même lorsqu'il n'y a pas de réponse", déclare avec sagesse le Kel Dor, avant de joindre la méditation de son amie.


Comme son prédécesseur, Victoires et Sacrifices est un peu décousu, mais je dirais que le dernier récit vaut à lui seul le déplacement : Ostrander n'avait pas son pareil, à l'époque, pour questionner la pertinence du combat des jedi, leur rapport à eux-mêmes et à la galaxie toute entière, tout en conférant une surprenante humanité à des figurants des films. Ses comparses Duursema et Anderson sont eux aussi au sommet de leur forme. Un combat de catch avec des gungans zombies, un récit d'initiation typiquement asiatique sur une planète de lave, une bonne vieille infiltration avec des considérations philosophiques à la clé : il y en a pour tous les goûts dans ce tome II de Clone Wars !

Szalinowski
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le 16 mai 2019

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