Watchmen
8.5
Watchmen

Comics de Alan Moore et Dave Gibbons (1986)

La perfection d'un genre, ou peut-être de plusieurs.

Ce comics publié aux éditions Urban est un de ceux qui font la presque unanimité auprès des lecteurs du genre. Mais quel genre ? Celui du comics oui, mais justement le comics de super-héros, le comics polar, le comics classique, le comics innovant. Sous la plume d'Alan Moore, les pistes se brouillent, et c'est ce qui en a fait un chef d'oeuvre, LE chef d'oeuvre de l'écrivain avec V for Vendetta (dont je ne vanterai jamais assez le scénario). Je ne sais pas comment il a fait pour l'écrire, mais ce livre a sa place sur l'étagère de tellement de lecteurs venus de toutes horizons confondues qu'il ne faudrait pas l'oublier dans votre bibliothèque. Vous pourrez le lire, le relire, et regretter amèrement de ne pouvoir en découvrir l'issue qu'une seule fois. Heureusement, comme dans toutes les bonnes pages, vous découvrirez des détails et des sens nouveaux, probablement.


En 1985, un homme tombe par la fenêtre d'un immeuble. La police déduit rapidement qu'il s'agit d'un meurtre et non d'un suicide. Après le départ des enquêteurs, Rorschach (homme masqué) fait son apparition sur les lieux et déduis que cet homme, un ancien collègue super-héros, a été tué parce que justement, c'était un héros. L'ancien équipe des Watchmen (les Gardiens de notre monde) est à nouveau rassemblée pour comprendre ce qui est arrivé à un collègue qui était loin d'être parfait. Ils sont des hommes et des femmes qui s'étaient rangés, ils redeviennent les enquêteurs et les combattants qui sont sensé sauver l'humanité en proie à un troisième conflit mondial : une guerre nucléaire entre les Etats-Unis et l'URSS.


Voilà le programme. Dans la forme, l'histoire est coupée en différents chapitres d'une longueur assez équilibrée et c'est avec plaisir que la forme n'est pas toujours identique: aux planches de Dave Gibbons (très old school mais avec des plans toujours choisis à la perfection) se mêlent les extraits d'écrits, d'articles issus de l'univers des Watchmen. Le roman se mêle au comics de façon habile et permettent d'étoffer un univers riche.
C'est un comics de super-héros qui garde la prestance du genre sans pour autant coller à la perfection qu'on connaît : super-pouvoirs, peut-être, mais super-défauts aussi...On s'attache à des personnages complémentaires, on les suit pour apprendre à mieux les connaître, c'est certains, mais une part d'eux nous angoisse et nous répugne, parce qu'on les sent trop comme nous, trop faillibles, sombres et apportant plus de questions que de réponses. A côté de ça, c'est un comics politique puisque on se situe dans une dystopie où une troisième guerre éclate à échelle mondiale: l'histoire est ancrée dans les relations internationales qui lient l'URSS et les Etats-Unis. C'est un comics polar parce qu'on a envie de comprendre ce qui est arrivé à ce justicier masqué, passé par la fenêtre. Voilà...quand Alan Moore écrit ça part dans tous les sens, on ne sait pas vraiment comment le pitcher sans avoir l'air fou mais croyez moi, même si je ne comprends pas comment, ça se tient. Tous les détails s'articulent à la perfection, on peut aller dans différents sens et toujours retomber sur ses pattes. Il l'a fait, c'est un chef d'oeuvre. Et on peut remercier Alan Moore parce que c'est probablement grâce à des plumes comme la sienne qu'on peut dire dignement, non, le roman graphique n'est pas un sous-genre littéraire mais un art à part entière méritant d'être reconnu comme tel.

Mawelle
9
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Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur et l'a ajouté à ses listes Overdose de bulles en 2017 et Les meilleures BD d'Alan Moore

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le 27 nov. 2017

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