Le Daily Planet est sur le point de subir un grand bouleversement. Racheté par un groupe plus important, le journal sera à la fois presse et télévision. Lois Lane étant promu à la tête de la section TV et Perry White restant à la tête de la partie presse. En plus de celà, histoire de bien marquer le coup, parce que ce n'est jamais assez, l'ancien bâtiment du Daily Planet est destiné à finir en miette, même le super globe au sommet oui ! Sacrilège ! Enfin pas de panique, c'est juste pour le remplacer par une oeuvre d'architecte toute neuve, plus grande, plus belle, avec un globe plus brillant au sommet, tout ça pour se la raconter un peu et montrer qu'on est pleins aux as !
Clark Kent lui, ça l'emmerde. Profondément. Voir son journal chéri racheté par un gros requin qui ne pense qu'à faire du chiffre, ça lui fait un peu mal (à noter que la première dépense c'est un putain d'immeuble, faut pas trop chercher la logique). Que va-t-il en être de l'intégrité de la presse ? C'est marrant, j'ai déjà l'impression d'avoir vu ça quelque part, sauf qu'en général, c'est pas Superman l'ennemi du capitalisme, m'enfin bon. Alors qu'il observe le building s'écrouler, il est interpellé par des problèmes du genre "quotidiens" à Metropolis. Vol à mains armées, terrorisme... Classique quoi ! Classique jusqu'à ce qu'un être de feu surgisse des flammes d'une explosion pour lui mettre sur la gueule en lui baragouinant des mots dans une langue alien. Super, ça va encore être une de ces journées... Et encore un travail pour Superman...

Georges Pérez est à la barre de ce titre qui a fait couler un peu d'encre dans le sens où il a autant fasciné qu'énervé. Superman, c'est un peu le héros qui a du mal ces dernières années en terme de comics. Si on exclut quelques raretés comme "Superman Earth One". Mais c'est autre chose. Donc ce reboot on l'attendait au tournant, et forcément il a pris cher ! Verbeux, trop classique, dessins un peu inégaux, menace qui n'aura aucun impact... Bref. Tout y est passé. A juste titre ? Sans doute. Mais je ne peux m'empêcher de penser que c'est par moment peut-être un peu injuste.
Pérez est un vieux de la vieille, son style narratif date d'une autre époque. Et c'est vrai que dans le premier chapitre, on a droit à des "description" un peu comme dans les BD des années 40. Sauf qu'au delà d'être une simple description, c'est une projection d'un article écrit par Clark Kent à l'issue du premier numéro. Au delà de ces cases de description, on a du dialogue. Beaucoup beaucoup de dialogues. Quand on à l'habitude de s'envoyer un numéro de comics en 5 minutes montre en main parce qu'il n'y a que de belles images dedans (Justice League #1 de Geoff Johns au hasard), forcément, c'est épuisant. 15 minutes pour lire un comics, où va-t-on ? Alors oui, on peut pas dire le contraire, c'est verbeux. Ceux qui n'aiment pas lire vont clairement s'emmerder. Dommage pour eux. Parce que ces dialogues, et à peu près tout ce qu'écrit Pérez au long de ces 6 premiers numéros qui forme ce tome, c'est intelligent. Intelligent car cela va au fond des choses. La caractérisation est selon moi, juste parfaite. En total adéquation avec ce qu'écrit Morrison sur Action Comics. Un complément magistral et qui se passe dans le "présent", qui montre l'état d'esprit du héros, son évolution, son cheminement.
L'intrigue est-elle classique ? Superman se cogne contre des "aliens" qui ont des pouvoirs élémentaires (ou pas). Un est fait de feu, l'autre peut se rendre invisible à ses yeux, le troisième est fait de glace... Ok, cela n'a rien d'extraordinaire. Je veux bien l'entendre. Mais est-ce que ça se résume simplement à ça ? Bien sur, il faut au minimum s'intéresser et arriver jusqu'au bout pour comprendre et apprécier "l'originalité" de cette menace. Et moi ben, ça m'a plu figurez-vous. Au delà du fait que ces ennemis que le Sups va se cogner sont plutôt classique, ce que j'attends aussi d'un titre Superman, c'est que justement, ça envoie un peu du bois et qu'il en bave un minimum. Et là dessus, je suis servi. Ensuite, la menace se dessine avec justesse, et apparait un peu comme un malheureux concours de circonstance. Là où c'est bien vu, c'est que Pérez va encore une fois s'appuyer sur le titre Action Comics pour faire un lien avec assez sympathique nous donnant vraiment l'impression d'évoluer dans un univers cohérent et dense.
Et bien sur, nous avons toujours ce nouveau Superman, plus proche des gens qu'il ne l'était, plus dur sur la réalité, moins naïf, plus rentre dedans, prêt à prendre de vrais risques... Et vu le nombre de bulles qu'on, le Superman, on a bien le temps de comprendre et de rentrer dans le personnage. Et pour moi, ça fonctionne vraiment. Le seul bémol (et encore) pour moi au sein de cette intrigue, c'est que Pérez nous ressort encore le coup du super-héros mal-aimé, avec ce journaliste un peu couillon qui a du mal à prendre du recul par rapport à Superman et lui jette la pierre, avant de retourner sa veste d'un seul coup. Par contre, c'est très bien contrebalancer par un Général Lane, qui permet d'avoir toujours ce regard critique sur le super-héros, mais avec plus de justesse.
Lois Lane est aussi très bien travaillée. Elle n'a que peu changée par rapport à sa version New 52, si ce n'est qu'elle est encore plus libre. Normal, elle n'est plus avec Clark. La nature de leur relation a aussi un peu plombé le titre. C'est un des effets qui "piquent" du relaunch. L'annulation du mariage entre Lois et Clark. Tout un symbole. Faut pas non plus oublié que la seule raison d'être du mariage, c'est parce qu'ils ont passé le cap à la télévision à la même époque. Au delà de ça, le couple est certes mythique, donc je comprend que ça blesse les fans au plus profond de leur coeur plein de tendresse et d'amour. Moi même, ça m'a un peu chagriné. Pourquoi les scénaristes n'arrivent-ils pas à écrire une relation déjà aboutie ? Sans tomber dans le cliché ? Allez comprendre... Mais pour le coup ici, Pérez s'en sort parfaitement bien. Présentant un Clark n'ayant pas encore succombé à ses sentiments, même si l'on voit déjà quelques choses de fort et une confiance se dessiner entre les personnages. Autant entre Lois et Superman que Lois et Clark. Et tout ça c'est à la fois subtil et douloureux. Douloureux parce qu'on sait ce qu'il y a entre les personnages, subtil parce que les personnages passent tout simplement à côté sans vraiment sourciller.

Les dessins maintenant. Oui, on peut parler de légères inégalités rien que quand on voit que Pérez n'arrive pas à tout assumer. Certaines cases sont sans doutes dessinées à l'arrache. Mais c'est vraiment mineur comparé à l'ensemble de l'oeuvre. Là aussi, on a un style qui rappelle assez les années d'avant, plus année 80 que 40 tout de même, faut pas déconner. Il y a beaucoup de cases (ce qui permet de faire plus de dialogues), et les dessins sont colorés d'une façon telle qu'on se croirait vraiment en 80 (sans les couleurs qui débordent sur les côtés quand même !). Les traits, les décors, l'agencement des cases. Tout ramène vers le passé. Et moi, ben, ce style un peu vieillot, j'aime beaucoup.

Titre controversé mais je pense, largement sous-estimé. Sa justesse dans la caractérisation, ne serait-ce que ça, mériterait vraiment qu'on s'y attarde. Une fois de plus, je suis fidèle à mes besoins. Pour moi, un personnage qui remplit son rôle pleinement, c'est déjà une BD que je vais apprécier. Et ici, c'est du pain bénie tant le travail de Pérez sur le personnage de Clark Kent est juste bon. J'aime cette nouvelle version du héros, quoiqu'on en dise. Et on est bien loin de sa version super "plate" et simpliste que Johns dépeint dans Justice League (encore ce titre... rhaaa).
Au vue du succès critique mitigé, Pérez a vite été lâché du titre. On aura droit à une intermittence de Jurgens et Giffen après, puis Lobdell va reprendre le titre. Au vue de l'inégalité de son travail jusque là, personnellement, je flippe un peu. Et je dis dommage. Dommage que les gens n'aime pas lire, dommage que les gens attendent toujours la facilité et se plaigne ensuite d'avoir des cases vides et ne laisse aucune chance à un titre riche malgré des apparences vieillottes et classiques. Les gens ne savent pas ce qu'ils veulent !

Vous pouvez aussi retrouver la liste de l'intégralité des TPB des NEW 52 ici :
http://www.senscritique.com/liste/Comics_l_integrale_des_New_52/133144/
Freytaw
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le 31 déc. 2012

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Freytaw

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