Wolfskin est le troisième titre du duo Warren Ellis / Juan Jose Ryp a être publié chez Milady Graphics. Vu la qualité de leur travail respectif sur No Hero et Black Summer, on ne peut que supposer la même chose sur ce comic.
Par contre, l'univers choisis s'éloigne de celui des deux œuvres citées précédemment. Wolfskin se déroule dans un univers très typé fantasy avec son barbare dopé aux champignons. D'ailleurs, il est très facile de faire le rapprochement avec Conan le Barbare de Robert E. Howard.
Ce personnage ma parut un peu fade. Son coté berserker est impressionnant. Le voir ingurgiter ces champignons et devenir cette bête assoiffée de sang procure un sentiment de plaisir coupable. Parce qu'il faut dire que Juan Jose Ryp s'en donne à cœur joie quand il s'agit de découper, décapiter, éviscérer à tour de bras. Ces passages là sont délicieusement gores et primaires. Mais c'est agréable de se contenter de petits plaisirs simples. Il y a pas à dire, des petits démembrements, c'est divertissant.
Il est marrant de constater que cette férocité surhumaine lui vient après la prise de champignons. On retrouve là une thématique forte de Warren Ellis, qui fait beaucoup intervenir la drogue ou d'autres substances néfastes.
Ce Nordois a aussi un rapport à la religion particulier, très sanglant, mais très inspiré de la mythologie viking.
Pourtant, je n'ai pas trop accroché à ce personnage. Je l'ai trouvé assez creux, sans motivation, sans background. J'ai juste senti la brute et le violent guerrier, pas grand chose d'autre.
Au niveau du scénario, c'est un Ellis en petite forme, qui nous livre un récit primaire, sans nuances, sans rebondissements, sans grand intérêt. On suit juste un guerrier découper des hommes à tour de bras pour une sombre histoire de rivalité fraternelle. Un scénario tenant sur un post-it qui n'a pour but que d'introduire des scènes de boucherie.
Néanmoins, il y a quelques indices sur le monde qui pourraient s'avérer intéressant ensuite comme le traitement des enfants, et forcément tout ce qui tourne autour des peaux de loup.
Graphiquement c'est du Ryp. On retrouve donc son dessin surchargé, avec son abondance de détails mais qui a un caractère si particulier, que je commence à beaucoup apprécier. Son style colle parfaitement au titre et met en exergue les scènes gores. Il sait les rendre glauques et étouffantes.
Le dernier épisode est dessiné par Gianluca Pagliarani, qui ne parvient pas à relever le niveau. Son dessin est certes plus lisible, moins oppressant, mais ça manque singulièrement de personnalité. C'est classique et un peu froid.
A noter aussi des bonus en nombre et intéressant. Un travail d'édition de qualité comme commence à nous habituer Milady.
Pour conclure, j'ai été vraiment déçu par Wolfskin. Je me faisais une joie de retrouver Warren Ellis et Juan Jose Ryp qui m'avaient tant enthousiasmer. Je ne sais pas si c'est le passage à de l'heroic-fantasy, ou un manque d'inspiration, mais ils sont en-deçà de leur niveau habituel (enfin surtout le scénariste).
Wolfskin se révèle être au final un titre sans réel scénario, plat, avec un personnage creux. Le seul intérêt réside dans les scènes de combat sanglantes, excessives, gores et décomplexées. Alors certes, c'est fun, divertissant et avec un petit coté plaisir malsain, mais c'est bien peu pour ces deux noms.
Je vais plutôt me concentrer sur les autres œuvres d'Ellis.
Et vous qu'en avez-vous pensé? Avez-vous été aussi déçu que moi?
