Zaï zaï zaï zaï
8.1
Zaï zaï zaï zaï

BD franco-belge de Fabrice Caro (Fabcaro) (2015)

Découverte pour moi délicieuse du travail de Fabcaro : Zaï Zaï Zaï Zaï justifie son titre en une pirouette finale qui vient dire



tout l'absurde de nos sociétés poussées à la surconsommation idiote



où la réflexion et la différence sont bannies. L'auteur se met en case dans un road-movie dessiné où l'angoisse cède pas après pas sous la course absurde et décérébrée d'un pays livré à la bêtise et à l'abrutissement. Intelligent, drôle et caustique.


Pour ce qui est du scénario, tout est dit dans le résumé de présentation : un homme qui n'a pas sa carte de fidélité du supermarché se retrouve pris en chasse par toutes les gendarmerie de Navarre au risque de finir condamné à chanter le difficile refrain de Mon Fils Ma Bataille de Daniel Balavoine au karaoké du coin. Ce qui fonctionne, au-delà de la trame qui célèbre ridiculement l'absurde par le vide, c'est le rythme : à raison d'un gag par page, en saynètes de six cases, Fabcaro s'amuse de



la vacuité contemporaine



et de la surmédiatisation du rien qui évite surtout d'aborder les sujets de fond.



Merci Nathalie. Nous vous retrouvons plus tard pour de plus amples
suppositions.




Au dessin, sobriété et célébration de l'imaginaire :



un trait fin aux allures brouillonnes raconte la dynamique à grande vitesse de nos sociétés trop pressées d'oubli pour savoir se recentrer, réfléchir et se projeter, quand le choix d'un sépia général plombe la morosité du quotidien. C'est vif sous l'apparence superficielle, et profond de pistes sous la légèreté des évidences.


Zaï Zaï Zaï Zaï passe au crible amer l'urgence débile de nos sociétés de castes et de cases, invite à réfléchir sur nos modes de consommation et jette une pierre dans l'eau trouble des médiatisations outrancières du néant.



Belle plume absurde aux élans poétiques,



trait vif de la déconstruction individuelle autant que sociétale, Fabcaro signe un ouvrage fluide de vérités coups de poings dans la tronche inerte d'une France qui se complaît dans la médiocrité, et célèbre alors



l'anarchie essentielle à l'épanouissement,



le droit à l'erreur autant que celui à la différence.

Créée

le 6 janv. 2018

Critique lue 148 fois

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