Shadow of the Dark Knight

Quand on parle de Batwoman, on pense généralement à des trucs clichés sur les super-héroïnes qui n'ont pas de 'vrais' super-pouvoir... On pense aussi et surtout à Batgirl en s'imaginant une petite pimbèche, blonde et écervelée, qui veut jouer les grandes en se prenant pour Batman...
Quand Greg Rucka (Gotham Central; Elektra & Wolverine: Le Redempteur; Wonder Woman: Hiketeia...) décide de donner au personnage de Batwoman un nouvelle 'jeunesse' en participant à la serie Infinite Crisis: 52 il n'a pas fait les choses à moitié...
Balayant d'un trait tout les clichés, il en a fait une héroïne comme DC n'en n'avait plus vu depuis des années, mieux que ça, il en a fait une héroïne comme on ne l'avait encore jamais vu chez DC...
Résolument moderne, encrée dans un réel très contemporain, affichant un background dont les similitudes avec celui de Batman sont aussi nombreuses que les différences, pourvue d'une personnalité unique et étalant clairement son homosexualité d'une manière aussi sobre que naturelle... Une première chez DC...

Cet album regroupant les mini-séries Elegy et Go! propose une aventure complète axée entièrement sur le personnage de Batwoman, ce qui lui a permis au final de déboucher sur une serie mensuelle à son nom (dont on attend encore les publications en France...). Contrairement à Infinite Crisis: 52 qui était un crossover dans un contexte particulier, Rucka laisse ici éclater son talent narratif et offre une BD avec un tres bon rythme, laissant le lecteurs suivre cette aventure avec des moments d'action, de reflexion, de flashback, tous alternés avec rigueur sans jamais causer de longueurs. Le dessin de J.H. Williams III (Batman: L'Île de Monsieur Mayhew; Promethea...) suit parfaitement cette optique et arrive meme à completement changer selon l'intensité du moment.
Si les changements de style et la mise en page 'eclatée' peut surprendre au début, on s'y fait très vite et on se laisse emporter par la dynamique du récit. Dans cette mise en forme originale, les couleurs prennent aussi beaucoup d'importance et le lecteur restera un moment avec ce rouge éclatant en mémoire...

Pour l'histoire en elle meme, intutile d'avoir lu avant la saga Infinite Crisis: 52 car les élément manquants sont bien expliqué et le background de l'héroïne est nettement plus développé ici. Du reste, bien que relativement classique et assez fidèle a l'héritage de DC, l'intrigue se veut tout de meme très sombre et moderne, loin du mainstream ou du manichéen, on retrouve l'essence et l'ambiance propre aux héros de Gotham City dans une vision tout ce qu'il y a de plus actuel.
Le vilain de l'histoire ne déroge pas à cette optique avec l'apparition d'Alice, personnage psychopathe à souhait dont les ressemblances, quelques fois soulignées directement par l'auteur, n'échapperont pas aux fans. En effet, comment ne pas voir la troublante ressemblance avec le Joker et le lien direct (bien qu'en fait il n'y en ait aucun) avec le Chapelier Fou, grands ennemis de Batman... ;)

Avec un scénario original aux petits oignons, une intrigue rondement menée, des personnages aussi charismatiques que travaillés, un coup de crayon fabuleux et des couleurs extraordinnaires, est il bien utile de préciser qu'on a là tout les ingredients d'un comics réussit?
Batwoman: Elegie pour une Ombre est certainement le meilleur comics du genre que j'ai lu cette année et il promet, esperons, un bel avenir à cette nouvelle Batwoman qui n'a rien à envier à son homologue masculin.
Need more !!!!!