Addictif
Le dernier Sattouf reprend l'histoire de la famille avec le regard de son petit frère enlevé. Le style est dans la droite ligne des 6 tomes de sa propre autobio. On ne lâche plus le bouquin scotché...
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le 8 oct. 2024
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BD franco-belge de Riad Sattouf (2024)
Les six tomes de l’Arabe du futur nous ont fait découvrir, au fil des années, la terrible histoire familiale de Riad Sattouf... et sont devenus de formidables best-sellers, positionnant leur auteur comme l’un des artistes les plus importants de la BD de notre époque. Mais l’aspect profondément douloureux de ces souvenirs, et la violence qui perçait chez Riad vis à vis de son père, « l’arabe du futur » qui n’aura tenu aucune de ses promesses, bien au contraire, font qu’on lisait chaque page de la saga comme une étape d’une sorte de thérapie que l’auteur avait engagée. Sauf, qu’il ne pouvait y avoir de fin réparatrice à cette histoire, et que Sattouf n’a visiblement pas pu s’empêcher d’y revenir encore une fois. Pour retourner le couteau dans la plaie ?
… Ou plutôt pour confronter ses souvenirs d’enfance, et surtout sa haine du père, à la mémoire de Fadi, le petit frère perdu, « volé » par leur père qui l’avait emmené en Syrie avec lui, dans l’espoir de récupérer sa famille. Fadi qui a, lui, vécu la vie que « l’Arabe du futur » leur réservait à tous, à Ter Maaleh, près de Homs. Fadi qui, retrouvé en 2011, a pu lui raconter ce qui lui était arrivé…
La première partie de Moi, Fadi, le frère volé – Tome 1 est enthousiasmante, avec un remarquable « effet Rashomon » : on y revoit des choses déjà lues dans l’Arabe du futur, et on y découvre un Riad loin d’être aussi « angélique » que l’enfant qu’il décrivait. Fadi se souvient de lui comme un grand frère peu attentionné, voire même méchant vis à vis de lui, et c’est le rapport du petit garçon à sa mère qui est le focus de ces premières pages, touchantes et amusantes à la fois.
Mais le départ clandestin vers la Syrie fait basculer le livre dans le drame, voire la tragédie : condamné à une existence sans structure, sans amour, Fadi va apprendre peu à peu à survivre dans un milieu largement hostile : il va bien entendu apprendre une langue inconnue, ce qui est finalement le plus facile, il va se faire des amis et amies, aller à l’école et y trouver sa place malgré l’hostilité initiale qu’il rencontre. Jusqu’à vivre comme un petit garçon « normal » de son âge, ou presque, car la brûlure de l’absence de cette mère aimée dont on l’a privé, si jeune, va rester une torture permanente pour lui.
Extrêmement douloureux, le calvaire de Fadi nous ramène à une condamnation sans appel d’un père littéralement monstrueux d’égoïsme et d’irresponsabilité, d’inconscience même : ces pages font d’ailleurs écho à des pages similaires de la petite enfance de Riad en Syrie, dans le premier tome de l’Arabe du futur. Et le « cliffhanger », terrible, de la conclusion suspendue du livre ne laisse rien présager de bon pour la suite.
Il est difficile de dire déjà si Moi, Fadi arrivera aux mêmes sommets que l’Arabe du futur, mais il est indiscutable qu’il s’agit d’un livre fort… A suivre !
[Critique écrite en 2024]
Créée
le 21 déc. 2024
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