• Chut !... Pas un cri !

  • Qui-qui... qui êtes-vous ?...

  • Quelqu'un qu'on a embarqué de force sur ce maudit cargo et qui...

  • Maudit cargo !... Je... s-s-sachez que j'en suis le capit-taine !... et que je peux vous v-v-vous... vous faire mettre aux fers !

  • Merci, je sors d'en prendre. J'ai déjà passé suffisamment de temps dans vos cales pleines d'opium !

  • De... de l'opium ? Il y a de l'op-p-pium dans les cales ?... Dans mes cales... à m-m-moi ?...

  • L'ignorez-vous ?

  • De l'opium !!!... Mais co-comment ?... C'est affreux !... Je suis un ho... un honnête homme, m-m-moi... et pas un... mais alors, qui a...? C'est Allan, le p-p--premier lieutenant, qui... Il... il m'a trompé...

  • Ecoutez. Il faut m'aider. Et d'abord, vous allez me promettre de ne plus boire. Songez à votre dignité, capitaine !



Le Crabe aux pinces d'or, neuvième aventure du dessinateur Hergé, commence une fois encore par Tintin se promenant au côté de Milou sans la moindre contrainte, jusqu'à ce qu'un évènement vienne perturber la tranquillité du duo. Un élément perturbateur représenté ici par une simple boîte de conserve de crabe à l'étiquette déchirée. Initialement présenté comme un gag, avec un Milou le museau coincé dedans, la boîte de conserve au départ anodin, devient finalement le point d'orgue d'une histoire mouvementée qui va emmener très loin le jeune journaliste ainsi que son fidèle chien. Une fois encore, Hérgé s'inspire librement d'un évènement réel parût dans les journaux avec l'affaire " des boîtes de fer blanc ". Un chargement venant en bateau de la Hollande, contenant dans une caisse Huit cents kilos d'opium frais hermétiquement scellé dans des boîtes de fer blanc, à la place d'un chargement censé contenir des prunes et des raisins.


Avec Le Crabe aux pinces d'or, Hergé présente une pléiade de personnages venant de tous horizons. Un mélange culturel bienvenu, véritable force de diversité du dessinateur. On retrouve Bunjin Kuraki un mystérieux agent Japonais de la sûreté de Yokohama, il sera celui qui fera clairement comprendre à Tintin la gravité de la situation. Il se fera enlevé et sera retenu prisonnier dans les cales du Karaboudjan. Vient un ennemi récurrent, connu pour être le constant second, que l'on retrouvera dans Coke en Stock et Vol 714 pour Sydney, le lieutenant Allan. Véritable crapule que j'apprécie, il est l'homme de main d'Omar Ben Salad, il n'hésite pas à trahir le capitaine du Karaboudjan pour prendre le contrôle du bateau. Omar Ben Salaad, riche négociant de Bagghar du grand port sur la côte marocaine, possédant un vaste palais et bien des richesses, à la tête d'un empire d'opium.


Arrive enfin pour sa première illustration, le fameux Capitaine Haddock, mon personnage préféré. Sa première apparition dans Le Crabe aux pinces d'or marque les esprits. Hergé prend le temps de présenter son nouveau personnage qui deviendra le meilleur ami, et compagnon de route fidèle de Tintin. Bourru alcoolique au grand coeur, possédant les insultes les plus drôles, insolites et marquantes de la langue française, ce grand sentimental amènera énormément de relief aux aventures du détective. Il est étonnant de voir à quel point pour sa première apparition, Haddock est un véritable boulet pour le héros, lui amenant énormément de soucis à cause du manque d'alcool. Pour information, Haddock tire son nom du capitaine Craddock, un film musical réalisé par Hans Schwartz, auquel Hergé rend hommage en faisant également chanter la chanson à un Haddock alcoolisé, qui va reconnaître dans le Djebel Amilah, son cargo le Karaboudjan, censé avoir coulé.



Canailles !... Emplâtres !... Va-nu-pieds !... Troglodytes !... Tchouck-tchouck-nougât !... Sauvages !... Aztèques !... Grenouilles !... Marchands de tapis !... Iconoclastes ! ... Froussards !... Macaques !... Parasites !... Moules à gaufres ! ... Chenapans !... Ectoplasmes !... Marins d'eau douce !... Bachi-Bouzouks !... Zoulous !... Doryphores !... Mille-sabords !...



Tintin est toujours fidèle à lui-même, courageux et décidément plutôt détective que journaliste, il fait preuve une fois encore d'une facilité de déduction hors du commun. Dans c'est album, il prouve qu'il a la tête dure en recevant pas moins de trois coups de matraque à la tête, dont un de Haddock avec une bouteille, et l'autre par Milou avec un os de dromadaire. On retrouve une fois de plus les Dupondt, toujours aussi gaffeurs et stupides, néanmoins ils réussissent à se rendre tout de même utile, un fait rare qui mérite d'être soulevé. On fait également la connaissance du français le Lieutenant Delcourt commandant l'avant-poste de l'armée colonial d'Afghar au Sahara. Personnage charismatique et réfléchi qui par deux fois sauvera les fesses du trio que son à présent Tintin, Haddock et Milou.


Visuellement, cet album est grandement fourni. Présentant un superbe condensé des clichés liés à l'Afrique du Nord des années 30, avec pour commencer le fameux désert saharien dans lequel se joue deux séquences emblématiques. La première, après le crash de l'avion amenant une marche de la mort particulièrement difficile où Haddock devient une fois de plus fou. La seconde lors de l'attaque des rebelles de Berabers, avec le magistral pétage de plomb du Capitaine Haddock. Dans les deux cas, la représentation du désert aride est superbement mise en page par le trait d'Hergé, qui parvient à rendre son décor hostile et inhospitalier, avec des plans de toutes beautés où les personnages principaux divaguent jusqu'a devenir fou. Joli détail lors du marché dans les dédales de Bagghar, où peuvent profiter des nombreux commerces d'épices, de fruits, de tissues, avec ce qu'il faut d'authenticité dans l'image pour se retrouver plongé dedans avec le sourire. Plus avant, on contraste totalement en ayant droit à une séquence où le trio est perdu en plein milieu de l'océan. Hergé illustre également brillamment l'univers marin, avec une mer contrastée par des mouvements et des couleurs intelligemment définis. Bateaux, avions, automobiles, barques, dromadaires tout y passent, Hergé se fait plaisir, et nous avec.


CONCLUSION :


Le Crabe aux pinces d'or est une aventure Tintin particulièrement édifiante, mettant en avant un véritable périple où nos héros affrontent les éléments, tels qu'un océan déchaîné, un désert aride... sans oublier les brigands prêts à tout pour protéger leur business d'opium. Cet album est particulier, car il marque la première rencontre entre Haddock et Tintin, contenant également selon Hergé son meilleur dessin. De superbes dessins illustrent cette bande dessinée jusqu'à sa couverture, subtilement définis. Sans aucun doute l'un de mes favoris.


Tout de même, imaginer une telle aventure à partir d'une simple boîte de conserve, fallait y penser.

B_Jérémy
9
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le 9 avr. 2020

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