Un album qui donne le ton !

Cet album, qui commence par un petit air champêtre, s'avère rapidement être un imbroglio au sein duquel nombre de personnages interagissent dans un apparent chaos savamment orchestré par Hergé.

C'est ainsi que se retrouve concentré à Moulinsart un large éventail de personnages déjà rencontrés dans les précédents albums : la volubile et sonore Castafiore en tout premier lieu. Séraphin Lampion fort de sa mâle assurance, l’inénarrable Tryphon Tournesol flanqué de sa surdité génératrice de savoureux quiproquos, les ballots inspecteurs jumeaux dont les gaffes le disputent à leur bêtise ; enfin, bien entendu, le misanthrope capitaine qui aspire à la sérénité dans un château littéralement assailli par les importuns.
Ces importuns se présentent ainsi, entre autres, sous la forme de journalistes de magazines qui viennent interviewer la plantureuse diva. Hergé les égratigne au passage, illustrant leur propension à fouiner pour dénicher le scoop quitte à présenter au lecteur des informations erronées. Un travers qui ne s'est malheureusement que trop développé de nos jours au détriment de l'analyse critique. On trouvera également des tziganes, habituels boucs émissaires lorsqu'une affaire de vol doit être élucidée. Haddock fait preuve à cet égard d'un humanisme étonnant.

Dans une farandole de rebondissements, l'intrigue qui nous est proposée est un petit bijou ciselé avec soin. Au milieu de vols supposés ou avérés, l'intérêt véritable de cet album réside dans les interactions amusantes qui se produisent entre les divers protagonistes. Hergé maîtrise à présent pleinement sa narration et utilise sans retenue le comique de répétition : la marche est étroite entre le rire et la lassitude de répliques répétées à l'envi tel un perroquet. Elle pourra gêner à l'usage.
Il n'en reste pas moins que cet album ne pourra pas laisser de marbre tant s’enchaînent les chutes !

A bon entendeur...