Derrière cette couverture plutôt séduisante (Spirou en tenue de GI, de quoi attiser la curiosité), on ne s'attend pas à tant d'étrangetés. Si les albums de la collection "Une aventure de Spirou et Fantasio" sont des réinterprétations libres (des "hommages") de l'univers de Spirou par différents auteurs, le style graphique de celui-ci me semble une fois, plutôt fidèle/compatible avec la série principale (je dirais que seul Fabrice Tarrin fait véritablement mieux en la matière). Cependant, le scénario me paraît être le plus éloigné de l'esprit de Spirou parmi tous les albums de la collection.


J’ai eu la chance de lire cette BD sans avoir connaissance de la polémique sur les réseaux sociaux (qui a éclaté plus d’un an après la sortie) et seulement quelques heures avant son retrait du marché. Je n'ai donc pas été influencé par ces discussions lors de ma lecture et j'ai pu découvrir par moi même différents points bizarres de cet BD. La nouvelle du retrait de la BD m'a finalement poussé à écrire cette critique.

Le style de représentation des personnages noirs, apparaissant au milieu du récit, est, il est vrai, surprenant pour une BD actuelle (un hommage aux dessins de Franquin ?). C'est un des éléments qui m’a semblé étrange, mais finalement je ne me suis pas attardé dessus, car la BD est étrange du début jusqu'à la fin.


Globalement, le scénario m’a paru tiré par les cheveux. Je ne vois vraiment pas où les auteurs veulent en venir. Ils semblent avoir voulu aborder des thèmes environnementaux et sanitaires (la malbouffe) de manière non-manichéenne. Pourtant, des valeurs morales sont souvent évoquées (respect de l’environnement, respect de la loi, respect de la dignité de chacun…), notamment à travers les réflexions de Spirou, dont on comprend finalement mal ce qu’il pense réellement ou quels sont ses objectifs. Cette BD semble vouloir transmettre un message, mais lequel ? C’est très difficile à cerner.


J’aurais tendance à penser que toute cette bizarrerie est intentionnelle, et que l'objectif est justement de dérouter le lecteur, de lui donner la sensation d’avoir lu une BD vraiment à part. C’est l’impression que cela m’a laissée, accompagnée de celle d’avoir lu une des pires aventures de Spirou.


À noter que le dessinateur semble avoir pris plaisir à dessiner des formes féminines (seins et fesses). La présence de cet érotisme dans un Spirou en dehors de la série principale ne me dérange pas en soi, tant que cela sert le scénario (comme avec Lara, qui montre ses formes dans les publicités pour les burgers, et les femmes seins nus – escort girls ? – autour de la piscine de la caricature de Donald Trump). En revanche, je ne comprends absolument pas l’intérêt de sexualiser Seccotine et l’agent de la CIA (les montrer en string et les faire se tenir par la main pour aller jouer dans l’eau comme des gamines) si ce n'est pour nous provoquer, par simple plaisir de faire ce qu'il ne faut pas faire.


Le retrait de la BD par Dupuis ne sera donc pas une grande perte… et pourrait même représenter un gain pour ceux, comme moi, qui ont un exemplaire à revendre à prix d’or aux collectionneurs ! (^v^)

RomainFilius
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le 1 nov. 2024

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Romain Divus

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