Sattouf maîtrise la mise en scène et la narration, ça on le savait déjà et il le prouve encore dans ce premier pavé consacré à sa prime jeunesse. La lecture est donc fluide, agréable, son humour fait mouche les trop rares fois où il a la bonne idée d'en parsemer ses pages.


Le problème, c'est que rien, absolument rien ne m'a intéressé dans son récit. Sattouf nous pond une autobiographie décalée puisqu'elle nous relate la confrontation entre 2 cultures de la fin des années 80 : la culture française et la culture moyen-orientale.
Or, quand on a lu Persepolis et Maus (les incontournables auto/biographies dessinées) d'un côté et les Shenzhen/Pyongyang/chroniques birmanes/chroniques de Jérusalem (les incontournables de la confrontation de culture), on ne peut qu'être déçu de l'intérêt du dernier né de Sattouf. Ni dans sa narration, ni dans l'intérêt culturo-politico-historique de son histoire, il n'arrive à la cheville des oeuvres suscitées.
Que l'on s'entende bien : il serait ridicule de comparer l'intensité de événements vécus par Satrapi ou le père de Spiegleman avec l'enfance de Sattouf. Je ne condamne pas Sattouf parce que son récit n'est pas assez triste ou poignant, j'affirme simplement que son enfance ne m'a pas intéressé car il n'a pas su m'expliquer en quoi elle valait la peine d'être couchée sur le papier de cette manière-là.


On subodore pourtant quelque chose d'intéressant dans le rapport quasi-inexistant père-mère, dans la violence toute relative de son enfance en Syrie, le pays de son père. Mais jamais Sattouf ne porte un regard intéressant sur ses événements. Je comprends qu'en tant qu'enfant, il n'intellectualisait pas spécialement ce qu'il vivait, c'est peut-être ce qu'il a voulu retranscrire pour nous signifier que tout ça n'est pas si grave. Mais sans vision singulière, sans regard acerbe ou vraiment drôle, sans référence ou réflexion historico-politique, ces événements n'ont pas d'intérêt et Sattouf n'a pas fait son boulot d'auteur, il n'est qu'un témoin incapable d'analyser ou de donner du sens à tout ça. Bref, il dessine pour lui.


L'ampleur du travail réalisé et le fluidité de narration valent bien un 5 mais bon sang que je suis déçu.

Ouaicestpasfaux
5
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le 11 févr. 2015

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Ouaicestpasfaux

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D'autres avis sur Une jeunesse au Moyen-Orient (1978-1984) – L’Arabe du futur, tome 1

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