« De toute façon, rien n’est grave et Bambi a des ailes poussées. C’est ça la liberté : s’en tirer gratos puis galoper dans la night et rigoler fort. »
Ce roman, c’est quitte ou double ! Soit on l’adore, soit on le déteste et souvent, pour les mêmes raisons ! C’est trash, cru et plein de rage dès les premières pages. Bambi est une petite ravissante de 15 ans, aux yeux de biche, toute menue, à peine éclose, qui, armée de son corps et d’un sig sauer, ultime vestige paternel, écume les sites de rencontre à la recherche de sugars daddies, de vieux riches dégueulasses, amateurs de chair fraîche. Les prédateurs l’ignorent encore mais ils se retrouveront à leur tour chassés, violentés et détroussés. Bambi est en colère contre les hommes, contre sa mère ravagée par l’alcool, contre la société, le système, TOUT ! Sa vengeance est impitoyable.
Le titre, déjà, annonce subtilement la couleur en invoquant le héros de notre enfance. Manger Bambi est donc un roman ultraviolent, assorti d’un bel exercice de style. Caroline De Mulder a en effet opté pour une écriture brute à base d’argot dont on imagine la rythmique hachée et agressive. Un peu déroutant de prime abord mais l’ensemble fonctionne à merveille. Et surtout, il s’en dégage finalement une certaine poésie troublante.
L’autrice nous offre la voix de ces jeunes filles révoltées, les laissées pour compte, suffisamment désespérées pour commettre des actes odieux. Une réflexion intéressante sur le statut de victime et les actes qu’on s’estime en droit de commettre en réparation. Un coup de ❤ inattendu !
Une double recommandation noire des bibliothèques d'Uccle et de Huy
http://www.bibli-uccle.irisnet.be/
https://www.huy.be/loisirs/culture/bibliotheque-publique