007 n’en peut plus d’être mis au rebus. On l’avait quitté après « Skyfall », tel un Phénix au sommet de sa forme et de son art. Il nous revient 3 ans après, quelque peu empesé, la ride marquée pour l’un des volets les plus paresseux de la saga. Et c’est dès la fameuse scène d’intro que l’on s’en rend compte ! L’espion qu’on aimait apparaît comme désabusé, halletant à la poursuite du méchant Sciarra (ouh là la qu’il est méchant !). Bon à la poursuite c’est beaucoup dire en fait, car Bond ne virevolte plus, ni ne sautille, On craint pour sa santé lorsqu’il se met à courir, à un point tel que Mendes l’épargne et par un habile montage nous fait croire que, mais non... heureusement notre héros peut compter sur des alliés de choix, ici un canapé providentiel !
Et cela ne s’arrange pas par la suite, malheureusement. « Spectre » c’est avant tout un nombre impressionnant de scènes blablatées contrebalancées de scènes plus punchy (à peine) ou inutiles. Ainsi celle de Monica Bellucci. Afficher à son casting la sulfureuse et sensuelle actrice italienne sur un timing guère plus long qu’une pub Barilla où il ne se passe rien, cela tient un peu de l’incorrection. Toute la séquence à Tanger est elle aussi d’une platitude et d’un ennui mortel (Waltz est grotesque), malgré son final pyrotechnique. Et l’inventaire à la Mendes pourrait se prolonger à loisir !
Car le réalisateur, en voulant revenir sur les fondamentaux (plus de gadgets contre action pondérée) se plante. Graig étant un acteur instinctif, physique voire cérébral, il se trouve ici un peu engoncé dans son smoking (au sens propre comme au figuré), et la technique plutôt que de compenser ce travers, vient alourdir encore cette sensation. La photo saturée ne met en valeur ni les paysages, ni les ambiances, le montage et le séquençage sont peu inspirés. 007 serait-il bel et bien has been ?
Reste quelques répliques cinglantes, la belle prestation de Ben Whishaw, et la Fête des morts de Mexico bien filmée.
Finalement, que Bond s’éprenne ici de Madeleine (Léa Seydoux égale à elle-même) est assez symptomatique, Il fait le choix de la trivialité et de la facilité, réfutant toute action d’éclat ou de véritable combat. Cela s’appelle de la suffisance. « 007 spectre » est un film suffisant.