"It's the end of the world and he's upset about a dead pig."

Je me souviens encore de la campagne de promotion brutale offerte par les producteurs. A peine deux mois avant sa sortie - maintenue jusqu'alors dans le plus grand secret -, YouTube s'en donnait à cœur joie en bombardant mes pré-visionnages de bande-annonces pour 10 Cloverfield Lane (j'devais pas avoir mis mon Adblock à jour, ou une connerie comme ça, sans doute). J'ai toute de suite accroché à cette suite prometteuse, puisque révélant un changement total de registre, à savoir celui du huis-clos. Le trailer était particulièrement bon, ce qui semble devenir de plus en plus rare avec le temps.
C'est la fleur au fusil que je suis allée le voir au cinéma, et je n'ai pas été déçue. Mary-Elizabeth Winstead parvient à voler la vedette au "monstrueux" Goodman, malgré l'inquiétante étrangeté d'un personnage dérangé, malsain et malaisant au possible. Le trio fonctionne, et les questions ne cessent de se propager au fil du scénario. C'est indéniablement la tension nerveuse mise en exergue ou apaisée tour à tour qui suspend le spectateur sur son siège, dans l'attente de la réponse finale : est-ce que oui ou non le putain de monde extérieur est devenu mortel et, si oui, à cause de quoi ? C'est exactement ce que je demande à voir dans un film de ce genre : une angoisse perpétuelle, agrémentée des humeurs dangereuses d'Howard, visiblement habitué à régler ses problèmes personnels de façon efficace quoiqu'un tant soit peu expéditive.


J'ai lu de nombreux reproches concernant une fin soi-disant "bâclée". J'y ai plutôt trouvé là encore une réponse satisfaisante quant à l'origine de l'apocalypse annoncée, réussissant même à trouver un écho à la Stephen King (référence aux Tommyknockers) ainsi qu'un clin d'œil sympathique envoyé à la Guerre des mondes. Le personnage principal féminin campé par Winstead est non seulement crédible mais plutôt sympathique : naturelle, sans excès, intelligente et surtout particulièrement combattive. Un personnage sans cliché, mû par le simple et logique besoin de comprendre comment elle a pu en arriver là, décidée à prendre sa vie en main. C'est là tout le fil rouge de son tempérament, qui va s'affirmer au fur et à mesure de sa captivité, pour déboucher sur une conclusion audacieuse et réussie : une boucle bouclée.
10 Cloverfield lane s'inscrit donc sans mal comme un successeur spirituel du premier Cloverfield, en proposant un postulat différent, plaisant et plus flippant encore que de l'urbex chtulienne.


Le genre de film qui se déguste un samedi soir et qui fait du bien par où ça passe.

Seren_Jager

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