15 Juillet 2006 : La saison 2 de Lost commence en France. Il est 20h50, c'était encore l'époque où j'osais regarder TF1. Une musique retentit, un homme fait du sport, on croit à un flashback et finalement non. Le bunker. Cette putain de trappe qui a rendu les gens fous pendant un an livre autant de réponses qu'elle apporte de questions. Un bunker de survie sur une île déserte. Un bunker cozy.


23 Septembre 2006 : C'est la fin de saison. Un joyeux bordel à base de catastrophes électromagnétiques, de morts surprises et de statues à 4 orteils. Et dans les flashbacks, Desmond lorsqu'il découvre le bunker. Lorsqu'un dénommé Kelvin (tiens tiens...), lui apprend que dehors c'est la mort, qu'obéir aveuglement c'est la vie. Finalement appuyé sur le bouton ne sert à rien, finalement on respire très bien au grand air.


29 Juin 2007 : Premier trailer de Cloverfield. La machine virale s'emballe très vite. La tête de la statue de la liberté dans la rue et internet s'enflamme de suite. Faux posters, vrais théories ou peut-être l'inverse. Tout est allé si vite.


6 Février 2008 : Enfin. Une grosse claque à l'époque, surement mon premier film en found foutage. Et déjà je repars sur le net à la recherche d'explications d'indice, d'easter eggs ou juste d'explications.


8 Mai 2010 : Un court teaser avec un train qui déraille, quelque chose qui veut en sortir et surtout Spielberg et MOTHERFUCKERJJABRAMS à la réalisation. On tient enfin un Cloverfield 2. Mais non, J.J nous dis que ça n'a rien à voir (ce qui ne l'empêche pas de continuer de proposer des ARG).


15 Janvier 2016 : Du temps a passé. J'ai arrêté de croire à la sortie de suite de franchises dont les rumeurs s'affaiblissent d'années en années. Cette année 2016 n'est pas ultra excitante en termes de sorties (Georges Miller se repose), bref, grosse éclate.
Et sans prévenir, un trailer qui sort de nulle part et annonce une sortie imminente. Ça parait con mais dans le monde cinématographique actuelle c'est une révolution. Alors qu'on a un Batman VS Superman annoncé depuis deux ans à grand renforts d'une dizaines de bande annonce, Cloverfield 10 Lane se dévoile avec pudeur, laissant présager un huit clos mystérieux et à des années lumières de son grand frère. Et seulement deux petits mois à se ronger les ongles.


Aujourd'hui (à partir de là spoils non balisés) : Il s'en est passé du temps hein ? Au moins 8 (tiens tiens) longues années. Et pourtant j'ai su résister à l'appel d'internet quand à ce C10L. Juste un trailer, pas plus, pas de théories du complots, pas de reviews rien. Gardons le plaisir intacte.


Et il y en a eu du plaisir. Au rayon de ce qui a déjà été dis une bonne douzaine de fois :
- Le choix du huit clos est génial compte tenu de l'effet de mode found footage qu'avait déclenché le premier. Ce spin off tient clairement à montrer qu'il veut aussi exister comme film à part entière. En découle de ce choix de genre, une tension bien jaugée.



  • Le trio d'acteurs. Oh monsieur Goodman. Même dans ses pires moments il a toujours une tête adorable mais joue tout de même à merveille la carte de l'angoisse. De sa respiration jusqu'à la gestuelle des mains. Il est fantastique et les deux autres acteurs ne déméritent pas.


  • Une réalisation pas dégueu avec notamment une bande son qui m'a rappelé Lost. Les moments de tension comme ceux de "joie" tirent leur épingles du jeu.



Maintenant passons au reste.
J'ai évoqué tout d'abord le bunker de Lost. Oui Abrams n'est pas à la réalisation mais ça n'empêche pas Dan Trachtenberg d'avoir vu la série, surtout à son moment le plus intense.
C10L a tout de cette saison 2 de Lost. A savoir un environnement clos censé protéger du monde extérieur mais qui enferme au final le pire. Et le flashback sur Desmond en est la quintessence avec là aussi un air supposé irrespirable, un gourou inquiétant et un monstre tapis dehors.
Le film se démarque donc avec l'intégration d'un troisième larron (même si trop en retrait et surtout pas présent jusqu'à la fin) et des nouvelles thématiques apportées par le personnage féminin. Là encore c'est trop en retrait à mon goût et clairement, il faut avoir vu l'ARG pour en savoir un peu plus sur cette Megan.


Point un peu plus gênant ensuite, la continuité avec Cloverfield. Et tu te calmes toi derrière ton clavier. J'ai compris pour le côté spin off etc. Seulement on partait d'un Kaiju réveillé d'un sommeil millénaire dans les abysses à cause d'une marque de boissons japonaise qui a foré là où elle n'aurait pas du. Et on arrive à des extra-terrestres qui moissonnent la Terre comme dans 99,99+00,01% des films d'extra-terrestres. Je reviendrais sur la fin du film qui est dégueulasse mais je suis gêné par cette nouvelle histoire qui à la manière d'un Rec 2, brise un peu le mystère du 1 pour partir dans un nouveau trip.
Calme toi je t'ai dis jeune insolent. Je me suis renseigné un peu sur l'ARG de ce C10L et effectivement cette histoire de satellites n'est pas anodines (ce qui vient conforter la thèse du satellite qui tombe dans Cloverfield en arrière plan même si ce n'est pas ça qui réveille le monstre) et effectivement Howard en sait beaucoup sur toute l'histoire. N'empêche que ça brise la mythologie supposée du 1 (et le Slusho qui apparaît en début de film ne me convaincra pas).


Pire. Super 8 devient donc totalement légitime comme préquel de C10L puisqu'on y parle alien. Et on peut dès lors s'imaginer tout et n'importe quoi sur des connexions entre les 3 films. Alors même que le réal nous disait que non. Difficile de le croire après ça.


Et puis surtout il y a cette dernière partie.


24 Aout 2010 : Lost sort son ultime saison en DVD, bourrés de bonus dont l'épisode spécial The New Man In Charge. J'ai toujours adoré Lost pour sa mythologie et le brouillard de mystères qui l'entoure et j'étais le premier à dire que toute explications aussi bonne soit-elle serait décevante.
"Chacune de mes réponses n'apportera que plus de questions". C'pas moi qui l'dit.
Alors au moment de voir cette épisode assez brouillon qui essaye de faire plaisir aux faux-fans pestant contre le manque de réponses envers l'ours blanc et autre je reste un peu dubitatif. L'épisode n'a aucune autre utilité que d'expliquer des choses qui n'avait pas besoin de l'être. C'est un bonus mais qui prend la forme d'un exercice obligé. Une punition que les producteurs ont récolté après 6 ans de teasing.


La fin de C10L est cet épisode bonus. Ce film rejoint cette fabuleuse catégories de long métrages qui auraient pu s'arrêter 1000 fois avant leur fin effective. Que ce soit au moment de la sortie, au moment de voir la soucoupe au loin ou au moment de partir en voiture, à chaque fois c'est une couche de trop qui est rajoutée. Conçue pour un grand public surement frustré par le premier opus, le final cherche à apporter du spectacle (je pense que les mecs derrière moi qui trouvaient Gravity nul parce qu'il ne se passait rien on du se faire des High 5) et surtout à rendre visible et intelligible une menace qui opère durant plus d'une heure. Surement qu'une partie du public un peu pourri gâté à du préférer cette partie à tout le reste mais le sentiment d'un film qui avait tout pour réussir si il était amputé de son dernier quart est surement bien partagée aussi.


Un film assez dur à noter car sans l'étiquette Cloverfield la pilule serait mieux passer.
Sans le cocktail molotov de fin on aurait pas eu l'impression d'un anti-blockbuster qui ne s'assume pas.
Et puis il y a cette communication virale que j'adore toujours autant mais qui nécessite donc de voir le film comme partie finale d'un univers plus globale où les œuvres, les rumeurs, les attentes et les craintes se mêlent.
Car oui nous avons bien à faire à un film du clover-verse, au moins autant que Super 8. Mais qui ne semble jamais s'assumer et qui au final aurait du en rester à son script de base où il était simplement question de monstres intérieurs.

Kaptain-Kharma
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le 23 mars 2016

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Kaptain-Kharma

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