Est-ce une suite ou pas de Cloverfield ? C'est bien cette question qui m'a taraudé durant tout le film, me laissant mitigée quand à mon impression générale : oui au procédé du huit-clos mais non au soit-disant lien avec Cloverfield.
En partant de ce postulat, le spectateur sait donc la menace qui plane au dessus du bunker, à l'inverse de Michelle. Le film réussit d'ailleurs très bien ce climax entre croire ou ne pas croire un survivaliste aux mœurs douteuses ; avouez qu'attacher une jeune femme dans une pièce froide n'aide certainement pas le contact avec la demoiselle. Et pourtant c'est bien dans cette ambivalence que le film se plaît à nous plonger. Si au même titre que Michelle on doute de la personnalité de l'excellent John Goodman, le spectateur a tout de même une longueur d'avance sur la jeune femme par le biais de Cloverfield. Si bien que j'étais obsédée par tous les petits détails qui pouvaient relier les deux films. Et c'est dans ce postulat que je ne m'y suis pas retrouvée. Le huit-clos fonctionne à merveille, alternant situations de tension extrême avec sérénité, jouant habilement sur le trio et ce dont on ignore de chacun. On doute tour à tour surtout des deux personnages masculins, Michelle étant clairement notre bouée puisqu'on la suit dès le départ.
Mais il révèle assez vite des dissonances avec le film initial qui titille notre perception : ainsi la qualité de l'air devient dangereuse, mais on reste encore dans la possibilité d'une extension de ce qu'on avait vu sur New York. L'étendu du phénomène se répand sur toute la surface des États-Unis quand on était resté sur la grande pomme, le 10 Cloverfield Lane étant loin de la côte. Au final on cherche des indices qui nous rappellent Cloverfield, et peut-être qu'un autre visionnage, une fois l'intrigue connue pourrait approfondir l'analyse ?
Car il est clair qu'à un certain moment on bascule dans un autre film, loin des préoccupations extraterrestres. Certes pas nouvelles, mais la mise en scène réussis à nous captiver par son habile huit-clos. La recherche de Cloverfield se laisse sur le bas côté pour montrer la vraie étendue d'un scénario qui n'avait pourtant pas besoin de la licence. Ou peut-être seulement pour lui apporter de quoi pimenter la fin.
Car c'est bien là que réside notre attente, tout comme celle d’apercevoir le monstre dans le précédent ; une fin assez folle et osée si on avait plus respecté la charte du film, ramenant le spectateur dans ce qu'il connaît. Pourtant on la retient autant qu'on la condamne, car on veut croire aux liens entre les deux films mais faire croire à une étendue de Cloverfield sans nous montrer une once de ce qu'on avait aperçu, c'est un peu facile.
Au final, je suis partagée, le huit-clos capte notre attention, même si c'est toujours les mêmes poncifs du thriller qui ressortent, le « tout ça pour ça » qu'on aurait voulu éviter mais sans renier les qualités de ce bunker qui arrive à créer une attente et une tension alors même qu'on connaît la situation extérieure.
Mais pour le coup on voit trop les lignes du premier scénario pour complètement l'assimiler à son grand frère. Même si c'était une bonne idée il aurait alors fallut ne pas trop s'éloigner du Cloverfield de base.

LuluCiné
7
Écrit par

Créée

le 24 mars 2016

Critique lue 255 fois

LuluCiné

Écrit par

Critique lue 255 fois

D'autres avis sur 10 Cloverfield Lane

10 Cloverfield Lane
JimBo_Lebowski
6

Monstre intraterrestre

Le principal intérêt de 10 Cloverfield Lane réside évidemment dans cette perspective d’extrapolation de l’univers du film d’origine de Matt Rieves, ayant connu son petit succès en 2008,...

le 17 mars 2016

108 j'aime

7

10 Cloverfield Lane
Behind_the_Mask
6

Golo-golo dans la cave

Inutile de tourner autour du pot pour vous dire que ce 10 Cloverfield Lane laisse, après la séance, un sentiment mitigé. Je ne regrette pourtant pas mon argent. Mais le film est symptomatique d'une...

le 16 mars 2016

98 j'aime

12

10 Cloverfield Lane
Sergent_Pepper
3

♫ Michelle rebelle sont des mots qui vont très bien ensemble...♫

(Regorge de spoils) Howard est un mec prévoyant. Genre Curtis, voyez, le gars de Take Shelter : on sait jamais, des fois que, un appart en sous-sol, ça peut aider. Provisions, filtration de l’air,...

le 8 juin 2016

73 j'aime

18

Du même critique

Memento
LuluCiné
5

Critique de Memento par LuluCiné

Les adorateurs suprêmes de Nolan ne citent que Memento comme référence. Pour tous les autres n'ayant pas un avis surdosé sur le réalisateur, le film vaut le coup d’œil pour son montage décousu...

le 26 nov. 2014

32 j'aime

4

Hérédité
LuluCiné
5

Critique de Hérédité par LuluCiné

Et voilà qu’on nous refait le coup du renouveau du film d’horreur, et cela à bon escient car c’est pour mieux s’éloigner du produit ultra fabriqué surfant sur la vague du marketing et du jump-scare...

le 18 juin 2018

26 j'aime

2

Knight of Cups
LuluCiné
3

Critique de Knight of Cups par LuluCiné

Mieux vaut savoir à qui on a affaire quand on va voir un film de Terrence Malick, son cinéma n'est pas à la portée de tous mais garde un mysticisme et une palette des sensations qu'on aborde toujours...

le 25 nov. 2015

21 j'aime

2