Faîtes l'amour ET la guerre !

Pour son prochain "Cinquante - Cinquante", Links TheSun cherche un bon film français récent à critiquer. Et rien que cette année, honnêtement, il y a énormément de choix ! Celui qui dit encore que le cinéma français, c'est de la merde, ne va jamais dans les salles.

Et cette semaine encore, il y en a eu un très bon, pour moi. Un film totalement passionnant et humain, sur un sujet extrêmement fort, qu'est la lutte pour la prévention et l'accélération des recherches contre le SIDA, dans les années 90.

120 Battements par Minute met notamment en scène de nombreux débats captivants et très animés, entre les militants d'Act Up, dans leur amphithéâtre. Les dialogues y sont fluides, rythmés, et naturels. On ressent le profond investissement des personnages pour la cause, qui les concerne directement ou non, d'ailleurs. On ressent également la difficulté qu'ils ont à s'accorder parfaitement sur la ligne directrice à adopter, dans leur mouvement. Il y a de nombreuses fortes têtes aux caractères de leader, et des tensions qui découlent des débats. Tout cela rend ces scènes ultra prenantes, et nous donne l'impression d'y être.

On suivra également les militants dans leurs actions sur le terrain, lors de séquences très intenses, qui nous feront prendre conscience du réel tabou de la maladie. Un tabou qui est, à la base, celui de la sexualité homosexuelle qui englobe un ensemble de pratiques très mal perçues à l'époque.

Mais ce film a également un côté humain et intimiste, très sensible et touchant, qui prend surtout forme dans sa seconde partie. Au début, on se retrouve face à des personnages charismatiques, mais dont on ne connaît rien. On va alors peu à peu explorer leur intimité et beaucoup s'attacher à eux, en particulier pour les personnages de Sean et Nathan. Par le biais de ce couple naissant, le thème de la sexualité homosexuelle est traité ici de manière frontale. Par opposition avec les pensées de l'époque, il n'y a aucun tabou dans la mise en scène du film. Le plaisir sexuel y est montré tel qu'il est, mais avec à la fois un aspect délicat, tendre, et intense.

Mais malheureusement, par ce parti pris, le film peut donner l'impression de donner plus d'importance au plaisir sexuel qu'aux sentiments amoureux. L'aspect sexuel, par rapport à l'aspect sentimental, est beaucoup plus mis en valeur dans cette romance. Avec un meilleur équilibre, cette relation de couple m'aurait personnellement encore plus touché. Malgré tout, Arnaud Valois, dans le personnage de Nathan, réussit à être suffisamment émouvant pour conclure très correctement le film.

Encore une fois, la "palme du coeur" de Cannes a largement réussit à convaincre, sans pour autant atteindre la claque de certains de ses prédécesseur, tel que Mommy en 2014.