120 battements par minute a tout du film d'auteur français : un thème sociétale fort, un gout prononcé pour les dialogues sur l'amour et la vie et des plans longs sur des personnages parfois mélancoliques, parfois dépressifs. Néanmoins, le film se démarque des autres œuvres du genre par sa réalisation très travaillée, ses acteurs plus vrais que nature et par le point de vue original adopté tout au long de l'histoire.


J'ai été surpris par la manière dont le réalisateur nous immerge directement dans l'organisation de l’association. Tels des nouveaux, il nous lâche dans une RH (réunion hebdomadaire) après nous avoir expliqué les quelques règles inhérentes à ces réunions. Ne connaissant pas la manière dont fonctionne ce genre d'association, j'ai appris beaucoup de choses : les claquements de doigts, les temps de parole, le planning à respecter... Elles ponctueront tout le récit nous permettant d'en savoir plus sur les relations entre les différents personnages.


Les acteurs sont tous très bons, chacun jouant son personnage comme-ci il s'agissait de sa propre personne. Mention spéciale à l'interprète de Nathan qui crève l'écran, nous émouvant un peu plus à chacun de ses coups de gueule. La plupart des personnages ont une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, ce qui leur donne toute leur puissance. Ils vont mourir, ils le savent mais avant cela, ils veulent se battre jusqu'au bout quitte à "gâcher" les derniers jours qui leur restent.


Le point de vue adopté par le réalisateur a beau être biaisé (il s'est lui même investit dans Act-up). Il n'en reste pas moins extrêmement intéressant car il est loin de tomber dans la complaisance ou le manichéisme. On observe les désaccords au sein de l'association, chacun des personnages ayant sa propre opinion des différents sujets traités pendant les réunions. De l'autre côté, on donne un visage et une parole aux laboratoires pharmaceutiques, grand "ennemi" du film.


Enfin, comment ne pas parler de la réalisation esthétisé qui donne une ambiance si particulière au film notamment lors des fameuses scènes de transition en boîte de nuit ou des scènes de sexe ultra-réalistes. L'ensemble nous plonge donc dans le quotidien de ces jeunes sacrifiés par l'ignorance de l'époque sur le sida et ses modes de transmission. Bref, un film important qui ouvre la voie à une communauté encore peu entendu au cinéma de nos jours.

mangaone15
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le 13 sept. 2017

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