Retourner en 90 pour nous plonger dans les années sida et le combat mené par les gens d'Act up peut sans problème faire un film. Seulement dès le début et l'ouverture avec ce débat des membres d'Act up on sent que le film ne va pas convaincre pleinement, le jeu des acteurs est franchement limite pour certains, on dirait qu'ils se tiennent pour la première fois devant une caméra, ils ont le ton de vrais amateurs et le réalisateur n'arrive pas à les rendre crédible, une chose aussi valable pour les acteurs confirmés. Adèle Haenel est plus une nature qu’une véritable actrice, elle est loin de pouvoir tout jouer dès qu'elle sort de son registre elle perd toute crédibilité. Pourtant elle a sa place ici puisqu'elle joue la gueularde comme elle le fait dans la majorité des films dans lesquels elle apparait mais elle en fait souvent trop ici en appuyant sur tout ce qu'elle joue, son interprétation de la tristesse est formidable. Il n'y a pas d’harmonisation de jeu entre les différentes personnes placées devant la caméra. Enfin même si le problème persiste ça s’améliore par la suite, puisque l'on s’éloigne un peu des actions du groupe, pour se focaliser sur le destin de Sean interprété par Nahuel Perez Biscayart. Dont le jeu survole aisément celui des autres comédiens.
Dans ce film réside plusieurs problèmes, dont cette mise en image qui est loin de nous immerger dans les années 90 c'est tout de contraire même elle transpire de toute part le 2017 avec ses effets visuels trop marqués. C'est bien beau d'avoir des bombers, les cheveux rasés et de la musique des années 90 mais ce n'est pas avec si peu d’éléments que l'on peu faire croire à une époque et en donner l'ambiance générale d'autant que tout les décors extérieurs et intérieurs ne semblent pas avoir été recherché pour coller à l'époque ils font bien actuels. Difficile donc de se sentir en 90 avec d'aussi petites choses, hormis quand on parle des événements liés à cette époque il n'y a pas grand chose qui raccroche le film à cette période, visuellement on pourrait être ici est maintenant ça ne ferait aucune différence. Maintenant le choix du réalisateur n'est pas vraiment clair il parle dans un premier temps des actions du groupe puis passe au destin de Sean. On sait tout comme les militants d'Act up le savent qu'ils sont à court ou à long terme condamnés, et cette partie qui suit le déclin de la santé de Sean sent trop le tire larme, c'est dérangeant car ça ne marche pas, c'est beaucoup trop calculé pour fonctionner. Le drame ce n'est pas aussi simple que de déballer des choses tristes à l'écran. L'intention du réalisateur de toucher le spectateur dans ces instants est vraiment trop marquée et ça ne provoque absolument rien. Le choix d'assister à l'impuissance des personnages face à la maladie aurait bien mieux fonctionné sans toute cette grosse artillerie larmoyante, dont la fabrication manque clairement le coche.
Robin Campillo réussit certains moments, mais globalement il veut caser trop de choses sur le sujet qu'il traite.Il n'arrive pas à manier correctement faits historiques et politiques en mêlant l’histoire des malades. Ce qui donne un film fort bancal, ça se regarde, ça se suit mais c'est loin d’être le grand film que la presse a décrété être LE grand film de 2017.