Après le succès public et critique (et un peu surestimé disons-le) de Slumdog Millionaire, Danny Boyle s'attaque à l'adaptation d'une nouvelle histoire humaine. Un nouveau destin exceptionnel. Car là encore il sera question de courage et de volonté de fer face à une situation inextricable. Mais alors que le réalisateur faisait bouger un jeune indien contre son rang dans un Bombay grouillant de vie, il coince cette fois son héros seul, loin du monde. Car 127 Heures c'est avant tout la mésaventure d'Aron Ralston, casse-cou expérimenté qui va se retrouver malgré lui le bras coincé par un rocher au fond d'un canyon (aventure racontée dans le livre Plus fort qu'un Roc).

Mais Danny Boyle prend son temps avant de plonger son héros dans une situation inextricable. Il commence avant tout par le montrer dans son élément, c'est à dire en rando dans le canyon, croisant le chemin de charmantes demoiselle pas insensibles à son charme. Mais il n'a d'yeux que pour l'aventure qui l'appelle. La réalisation pose le ton dès le départ. Boyle s'éclate avec les effets clipesques qu'il affectionne tant (j'espère que vous adorez les split-screen) et dont on se demande l'intérêt au début. Mais comme d'habitude avec le réalisateur, les images sont magnifiques et le son nous emporte d'un coup au cœur du film.

C'est à partir du moment où le héros se retrouve coincé par le rocher que tout bascule. On sait qu'Aron Ralston va devoir prendre la décision la plus difficile de sa vie mais ce qu'il va endurer pour en arriver là est incroyable. En cela le jeu de James Franco est exceptionnel. D'un gars insouciant et égoïste, il devient progressivement terriblement terre à terre et se rend compte de ce qu'il a laissé derrière lui. Peu à peu il va tomber dans la folie tout en gardant l'espoir de s'échapper et de retrouver les siens. C'est à ce moment là que les effets si décriés de Danny Boyle prennent tout leur sens car ils illustrent bien le fait que le monde continue de tourner pendant que notre héros est coincé et montrent bien la folie (rêves et illusions plus réels que jamais) qui commence à atteindre notre héros après 5 jours de solitude, de souffrance, de faim.

Peu à peu Danny Boyle fait monter la pression jusqu'au moment fatidique où notre héros doit prendre la décision de se libérer. Un choix difficile que James Franco illustre parfaitement dans son jeu désespéré mais résigné. Alors, une fois Ralston lancé dans cette libération, nous sommes face à l'un des instants les plus éprouvants vécus au cinéma. Ça fait mal. Très mal (attention aux personnes sensibles, le malaise n'est pas loin). La délivrance n'en ai alors que plus satisfaisante. Enfin nous pouvons relâcher la pression, respirer et retrouver la liberté.

Il vous faudra donc du courage pour affronter ces 127 Heures vécues par un James Franco grandioses et mises en images par un Danny Boyle particulièrement inspiré. Mais au final, c'est une véritable leçon sur la survie et le courage d'un homme qui donnent l'envie de vivre à fond. Une véritable claque qu'il est bon de prendre.
FredP
9
Écrit par

Créée

le 18 févr. 2011

Critique lue 334 fois

FredP

Écrit par

Critique lue 334 fois

D'autres avis sur 127 Heures

127 Heures
cloneweb
8

Critique de 127 Heures par cloneweb

Après de la science-fiction avec Sunshine et Slumdog Millionaire, le fim aux huits Oscars, Danny Boyle revient avec 127 Heures, adaptation du roman de Aron Ralston « Plus Fort qu'un Rock...

le 3 déc. 2010

79 j'aime

8

127 Heures
Gand-Alf
8

Mr Lonely.

On reproche souvent à Danny Boyle d'en faire trop, de sacrifier son récit à l'image, bref, d'être un simple clippeur maniéré tout juste bon à shooter une pub pour Reebok. Pourtant, peu de cinéastes...

le 27 févr. 2013

28 j'aime

4

127 Heures
Nienawisc
1

Une honteuse coquille vide.

Le scénario : Un type va faire une petite excursion dans les rocheuses. Avant de partir, il prend du POWERADE™ dans son sac, c'est important. Il gambade entre les rochers. Il y en a un qui lui...

le 16 févr. 2011

28 j'aime

20

Du même critique

Sound of Noise
FredP
7

Critique de Sound of Noise par FredP

Vous aimez les films rythmés ? L'étrange bande de percussionnistes de Sound of Noise va alors vous enchanter et mettre un peu de battant dans vos coeurs. Les suédois ont parfois de drôles d'idées,...

le 27 déc. 2010

17 j'aime

Winter's Bone
FredP
5

Critique de Winter's Bone par FredP

Ree, une jeune fille de 17 ans doit s'occuper de sa petite sœur et de son petit frère parce que sa mère est malade et que son père est en prison. Mais voilà, on apprend que son père est sorti de...

le 14 mars 2011

11 j'aime

Cogan : Killing Them Softly
FredP
8

Critique de Cogan : Killing Them Softly par FredP

Ce que l'on retiendra le plus finalement de ce Killing them softly, à côté des crises existentielles des tueurs à gages et des séquences violentes, c'est surtout son discours politique...

le 25 mai 2012

9 j'aime