Bon... Avant d’y aller j’avais l’impression que ce "12 Years A Slave" n’était qu’un simple film plaidoyer sans originalité qui allait nous dire à quel point l’esclavage... eh bah en fait c’est pas bien. Maintenant que je l’ai vu, malheureusement, je confirme : 2h13 de film pour quoi ? Juste pour qu’on nous dise que « eh bah l’esclavage c’est pas bien ». Moi, personnellement, je ne vois pas ce qu’on peut vraiment tirer d’un film comme celui-ci. Soit on fait un film plaidoyer mais on le fait sur une question chaude, une question d’actualité, une question qui divise... Soit on prend un sujet maintes fois traité et sur lequel il règne aujourd’hui un consensus – comme l’esclavage – mais dans ces cas là on fait du cinéma, c’est-à-dire qu’on cherche un regard nouveau, on brosse des portraits atypiques, bref on sensibilise à quelque-chose qui va au-delà de la simple évidence... Pour moi, rien de tout ça dans ce film : AUCUNE originalité. Ça se limite à plus de deux heures de gentils esclaves qui morflent vraiment face à ces méchants négriers. Ah ça on en voit du fouet, des séparations déchirantes, des coups, du mépris... OK, c’est pas cool... Mais perso, au bout de vingt minutes j’avais compris l’idée. Qu’est-ce que le film a de plus à nous proposer pour les deux heures restantes ? Franchement, je cherche et je ne vois rien. Au fond, le film se limite à une démarche très didactique et scolaire pour nous expliquer ce qu'est au fond l'esclavagisme (et surtout pourquoi c'est mal !), mais sinon, c'est toujours la même boucle qui se répète sans cesse. Le héros courbe l’échine pour survivre, en attendant qu’il puisse acquérir sa liberté. Manque de pot, le titre est explicite là-dessus : on sait que ça va durer des plombes et qu’il n’y aura pas de surprise. Et finalement – justement – venant de Steve McQueen, ça ne m’étonne pas tant que ça. Même s’il a été obligé de se polir un peu pour rentrer dans les codes du cinéma grand public, sa démarche reste la même que pour "Hunger" et pour "Shame". On pose un constat simpliste au départ : bons/méchants ; juste/injuste et ensuite on se contente juste de fournir des scènes répétitives de misérabilisme esthétisé. Alors certes, parce qu'il s'est plié aux conventions du cinéma mainstream, ça passe un peu mieux, mais en fin de compte, on en reste au même point : ça ne dit rien ; ça ne fait rien ; c’est juste de l’exposition malsaine racoleuse... Racoleuse, mais esthétiquement classe ! Why not... Le problème c'est que, pour moi, ce film est l’incarnation même de l’absence totale d’enjeu, d’expression d’auteur ou bien même de recherche artistique. Steve McQueen s’est juste contenté de nous ressortir encore et toujours sa même trame ; avec le même regard convenu et désengagé ; abandonnant juste son naturalisme original pour adopter sans réflexion ni génie les codes visuels et sonores des convenances américaines. D’ailleurs – tout un symbole – que le film se permette de piquer la B.O. d’un autre film qui n’a rien à voir (en l'occurrence "Inception") et décide donc de se soustraire à cet effort de réflexion qui consiste à créer un habillage sonore qui lui est propre est à mes yeux la preuve ultime de l’absence totale de créativité de ces douze très longues années de servitude...

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le 2 oct. 2017

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