12 Years a Slave par badgone88
Quelle est l'utilité d'une telle démarche ? Aucune idée. Qu'est-ce que Steve McQueen a d'intéressant à nous raconter ? Pas grand chose à vrai dire. Avec 12 Years a Slave, le réalisateur s'éloigne sensiblement de ses deux premiers longs métrages très intimes, très bruts, pour se rapprocher dangereusement du film universel, autrement connu sous le nom de "machine à Oscar©", sponsorisée par Steven Spielberg.
Alors d'accord, c'est beau, c'est très propre, c'est bien réalisé, mais venant de McQueen, ce n'est pas étonnant et on n'en attendait pas moins. La photographie est également irréprochable, et Chiwetel Ejiofor, l'acteur principal, crève l'écran.
Ce qui cloche, c'est que tout reste très froid. Il faut se contenter de deux-trois scènes tape-à-l'oeil qui font quand même leur petit effet, mais sinon je suis resté sur le bas-côté la majeure partie du film. Peut-être parce que tout cela semble déjà-vu, le film nous offrant une vision linéaire et basique de l'esclavage. McQueen enfonce des portes ouvertes et ne nous propose rien de neuf ; il se borne à raconter la même chose 2h15 durant, contrairement à un certain Tarantino qui nous avait offert l'année dernière quelque chose de bien moins lourd et bien moins classique, mais d'une efficacité redoutable.
La contrainte du temps pose aussi problème, puisque McQueen doit, en deux heures et quart, nous résumer 12 ans de la vie d'un esclave. Du coup, on a un peu l'impression d'être devant un zapping : les événements s’enchaînent et l'aspect volontairement décousu du film nous empêche d'apprécier chaque instant. Tout reste en surface, rien n'est fouillé. Il y avait pourtant matière à dire, à faire, surtout pour un tel sujet...
Alors que Shame et Hunger ont été pour moi de vraies claques ciné, faisant de Steve McQueen l'un des meilleurs réalisateurs de sa génération, 12 Years a Slave se présente ici comme un accident de parcours. Un film froid et vide, qui, grâce aux vingt dernières secondes, aura quand même réussi à remplir l'objectif principal : faire pleurer le spectateur lambda.