12 years a slave, c'est l'histoire d'un homme.

Solomon Northup, arraché à sa vie et à sa famille, lui, le noir qui vit parmi les blancs, pour rejoindre les Etats du Sud où l’esclavage est de mise. Une plongée sans concession dans l'histoire, à travers le paysage d'hommes et de femmes, blancs ou noires, bons ou mauvais.

J'ai adoré ce film, et Dieu sait que je ne suis pas fan de films sur l'esclavage. Trop tire-larme, trop romancé, je n'avais jamais trouvé mon compte. Mais le parti pris de 12 years à slave est différent. Inspiré d'un livre qui n'est qu'une autobiographie de Monsieur Northup, un livre dont le ton froid et distant m' a soufflé tout autant que son réalisme, ce film est traité avec la même délicatesse que le livre.

Le point fort de ce film, d'autant plus de par le fait que le réalisateur est lui-même noir, c'est qu'il ne fait pas dans le manichéen. Enfin, enfin un film où les blancs ne sont pas forcément méchants et les noirs forcément les gentils. Ce film nous donne toute une palette de personnages, tous colorés, tous complexes et tous brillamment interprétés.
Et tous ne sont que des humains.

Le personnage principal lui-même n'est pas un héros et son instinct de survie est bien plus fort que son courage. Il ne s'enfuit pas quand il en a l’occasion, de peur des représailles. Il ne vient pas forcément en aide à ses compagnons d'infortune, de peur d'avoir le même destin qu'eux. Les autres esclaves ne sont pas plus courageux et préfèrent voir une femme se faire violer plutôt que de risquer de mourir.

Les esclavagistes ne sont pas non plus TOUS des monstres. Si certains d'entre eux démontrent une violence et une perversité maléfique, d'autres sont empathiques, s'inquiètent pour leurs esclaves et leur procurent ce dont ils ont besoin.

Ce film ne nous épargne rien. Et ce n'est en rien culpabilisant, ce n'est pas une sorte de doigt d'honneur aux blancs en disant: "REGARDEZ CE QUE VOUS AVEZ FAIT !". Non, c'est cette volonté de ne pas exagérer ni d'embellir l'histoire. L'histoire est ce qu'elle est et il faut l'accepter.

Cela crée un film rempli de plans séquence montrant des scènes difficilement soutenables, tout autant que des scènes d'intense joie.

Bine évidemment, cela donne au film un rythme lent, d'autant plus au'il est long, mais ce n'est pas un défaut pour moi. Cette longueur, ces scènes fixées sur les champs de coton, sur le visage, usé, désabusé de notre héros montrent les années. Nous sommes comme lui, dans l'attente, dans une vie affreuse et sans espoir, à voir défiler les années identiques les unes aux autres.

C'est un film du quotidien, mais un quotidien insupportable, qui rend d'autant plus flagrant la douleur des esclaves.

C'est un film presque sans musique, pour montrer le vide et les jours répétitifs, sans joies que connaissent les noirs. Et lorsque qu'il y a des chansons ou des musiques, c'est pour mieux montrer le contraste avec l'ancienne vie de Solomon, violoniste de formation.

Quelques scènes relèvent du génie, comme celle des coups de fouet ou l’interprétation de Roll Jordan Roll, où je n'ai décidément pas pu retenir mes larmes.

C'est un film à contre-courant, un film intelligent et qui rend original un sujet qui ne l'est plus depuis bien longtemps.

Alors on lui pardonne ses faiblesses, le personnage de Brad Pitt qui fait franchement cliché, les passages un peu longs, et la dureté de quelques scènes.

Et c'est ainsi que je conclus ma première critique sur SC et que je vous souhaite le bonsoir.

Leslie
Leslie_Marce
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le 28 août 2014

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Leslie Marce

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