Douze Hommes en colère par Bung
Je m'attendais à une satire au vitriol sur la justice, quelque soit la prise de position du réalisateur et du scénariste sur le sujet. Je ne vois finalement qu'un film qui est un peu creux et trop "lisse" pour être vraiment intéressant.
Les "douze hommes en colère" ne le sont pas, ou alors quelque chose m'échappe dans la définition du mot "colère". Quoiqu'il en soit, douze jurés ont la vie d'un homme entre leurs mains, et leur décision va être lourde de conséquence. Malheureusement, entre les problèmes personnels des uns et la presque indifférence des autres (le personnage qui suit le vent parce qu'il veut partir le plus vite possible, l'autre un peu benêt qui a son avis dicté par la majorité...), ce n'est pas gagné pour trouver l'unanimité. A onze convaincus de la culpabilité contre un Henry Fonda d'une prestance improbable, le combat fait rage...
.... Et se dégonfle au fur et à mesure de l'avancée des débats.
C'est un exploit d'avoir pensé et réalisé un film qui tient pratiquement que dans une seule petite pièce. Les échanges tiennent la baraque, les acteurs sont bien présents quoique certains un peu trop effacés, et c'est intéressant jusqu'au moment où on se rend compte que le film se dirige petit à petit vers, d'une part, un consensuel exaspérant et, d'autre part, à une sorte de révision du procès, en voyant les jurés faire tout le boulot de l'avocat de la défense.
Je m'attendais à un film où l'affrontement aurait été plus philosophique, où le jury s'enflammait de plus en plus porté par un membre du jury qui, au contraire, était le seul à penser le jeune homme coupable puis contaminait progressivement le jury (remarque faîte dans une autre critique sur ce site, que je rejoins donc totalement).
Au lieu de cela, on refait tout le cheminement du procès, on démonte un dossier qui se révèlera famélique, en le justifiant de façon un peu bancale (c'est un avocat commis d'office qui se ficherait de son travail, ce qui est tout de même un peu tiré par les cheveux - quel avocat, même commis d'office, se priverait à se faire connaître, surtout lorsqu'il doit défendre un accusé d'homicide ?) et, à partir de là, le film ronronne jusqu'à sa conclusion qui peut être devinée assez aisément, si on est un tant soit peu attentif.
L'orientation se situe donc dans la mouvance consensuelle du "la justice est bien, braves gens". C'est bien fait. mais ça manque de piquant, la réalisation est très bonne (Lumet quoi), pas de folie, ceci dit l'endroit et le thème ne s'y prêtent pas.
Je ne l'ai pas aimé du coup, mais c'est juste une question de coeur. Si je lui mets au-dessus de la moyenne, c'est parce que la technique, le jeu des acteurs et les textes (dialogues et évènements) sont qualitativement irréprochables.