Le Silence des Moutons

À l'aube du nouveau millénaire, le thriller doit s'offrir impérativement une cure de jouvence, il doit offrir de la nouveauté à son public, quelque chose d'inédit en adéquation avec son temps. Et au temps où la télé-réalité commence à envahir les écrans et où les médias ont une mainmise gargantuesque sur la désinformation, voici que sort un long-métrage bienvenu sur le pouvoir de ces médias et sur leurs conséquences sur l'attitude des criminels en recherche de célébrité.

Réalisé par John Herzfeld (2 jours à Los Angeles), 15 minutes va justement s'intéresser à ce nouveau fléau aussi intrigant que dangereux... Le scénario s'avère certes original mais aurait pu bénéficié d'un meilleur traitement. En effet, Herzfeld tient entre ses mains une idée en béton mais n'arrive malheureusement pas à lui faire prendre forme. Scindée en deux parties aussi distinctes que complémentaires et logiques, l'intrigue s'intéresse à un flic jouant constamment avec sa célébrité et un jeune enquêteur des incendies criminels plus discret qui vont tout deux s'associer malgré eux pour une affaire de pyromanes qui sont en réalité deux psychopathes russes cherchant à se faire connaitre en commettant des crimes.

Inspirés par les médias, délirants et jamais à court d'idées, les criminels sont hélas présentés comme des clowns ni drôles ni effrayants en dépit de leurs actes horribles. L'atmosphère pesante, voire parfois glauque du scénario est ici à peine esquissée et on a de plus en plus peine à croire au film en dépit de séquences parfois intéressantes (les meurtres filmés notamment, qui auraient néanmoins pu être bien plus glaçants) et de passages dynamiques.

Dommage donc pour le résultat final, bien en deçà de ce qu'on était en droit d'attendre. Heureusement, l'interprétation de Robert De Niro, toujours aussi impeccable, et du rookie Edward Burns, très convaincant, face au tandem de l'Est Karel Roden et Oleg Taktarov, ainsi qu'un retournement de situation assez imprévisible en milieu de bobine relèvent le niveau et le stabilisent pour faire de 15 minutes un thriller tout au plus sympathique à défaut d'être mémorable.